La population s'helvétise et voit sa croissance ralentir
Le canton a perdu des emplois et attire moins. Les naturalisations sont nombreuses.

Genève grandit encore mais plus lentement, alors que les arrivées d'étrangers diminuent et que ceux qui sont déjà installés se ruent sur le passeport suisse. Ce sont les grandes nouveautés démographiques de l'année 2016 dans le canton de Genève, telles qu'elles ressortent du bilan annuel dressé ce lundi par l'Office cantonal de la population et des migrations (OCPM), avec l'appui de celui de la statistique (OCSTAT).
Combien sommes-nous? Le canton recensait officiellement 493 706 habitants à la Saint-Sylvestre. Il n'en a gagné que 3128 en un an alors que les deux exercices précédents avaient connu des bonds annuels de plus de 8000 résidents supplémentaires.
Le solde migratoire chute
L'origine de cette accalmie n'a rien à voir avec l'activité des maternités et des cimetières. Le solde naturel — soit la différence entre le nombre de naissances et de décès — reste assez stable. La décrue est liée aux mouvements migratoires. Genève connaît toujours plus d'arrivées que de départs, mais les premières ont chuté. Beaucoup moins d'étrangers ont cherché à s'installer à Genève et aussi un peu moins de Suisses. Marquant l'écart entre les arrivées et les départs, le solde migratoire dévisse: il est près de cinq fois inférieur à celui qu'on avait observé durant les deux années précédentes, marquées par des flambées inédites depuis les années 60. Le solde migratoire s'avère même inférieur au solde naturel, ce qui n'était pas arrivé depuis 1997.
Pour le ministre de la Sécurité et de l'Economie, l'origine du phénomène est claire. «Quelles que soient les manettes qu'on actionne, l'économie est le seul véritable régulateur migratoire et fournit la principale explication», note Pierre Maudet. Le nombre d'emplois à Genève a diminué de 2,2% en un an. Sans que cela n'ait d'ailleurs empêché le nombre de frontaliers actifs de continuer de croître (+6,1% l'an dernier).
Le frein que le peuple suisse a mis à l'immigration lors de son vote du 9 février 2014 n'a-t-il donc joué aucun rôle? Laissant augurer des contingents à venir, il pourrait avoir eu un effet paradoxal en provoquant d'abord une ruée durant les deux exercices suivants, lesquels auraient été compensés par l'accalmie de 2016. C'est en tout cas l'hypothèse de l'administration cantonale.
Passeport suisse prisé
Si le peuple genevois n'avait pas voulu blinder les frontières lors du vote de 2014, contrairement à la majorité nationale, il voit tout de même la proportion d'étrangers baisser un peu sur son territoire. Le taux est à 40,5% (contre 41,2% en 2015). L'immigration plus faible n'est pas seule en cause. Le canton a aussi beaucoup naturalisé: 6235 résidents ont acquis la citoyenneté suisse l'an dernier, ce qui constitue le plus gros volume depuis dix ans.
Le passeport rouge est-il à la mode? Surtout, un changement législatif réservera dès l'an prochain la naturalisation aux détenteurs de permis d'établissement pérennes, excluant permis annuels ou travailleurs internationaux. «Nous avons effectué un travail d'information afin que ceux qui ne rempliront plus les critères en 2018 fassent leur demande», explique Bernard Gut, directeur de l'OPCM. Ses services ont de plus réussi leur pari de raccourcir de moitié la procédure ordinaire qui peut désormais se dérouler en un an et demi.
Quand le canton franchira-t-il le cap symbolique du demi-million d'habitants? Attendu l'an dernier, il devrait plutôt survenir l'an prochain. A moins que l'opération Papyrus, visant à régulariser les clandestins établis de longue date, ne bouscule les statistiques en officialisant une «ville fantôme», selon les termes de Pierre Maudet, qui est déjà présente.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.