Revue de presse de la pandémieLa pollution de l’air aggrave le taux de mortalité des malades du Covid-19
Plusieurs études estiment que les particules fines multiplient les cas de Covid et participent à une surmortalité chez les personnes atteintes, rapporte le quotidien britannique «The Guardian».

«Une légère augmentation de l’exposition à long terme des personnes à la pollution atmosphérique induit une augmentation de 11% des décès dus au Covid-19, selon plusieurs études citées par le quotidien britannique «The Guardian». Une étude récente suggère même que 15% de tous les décès dus au Covid-19 dans le monde sont attribuables à l’air pollué.
«Les données disponibles permettent seulement d’établir des corrélations entre pollution de l’air et mortalité du Covid-19. Des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer les liens, mais les chercheurs estiment que les preuves sont désormais suffisamment solides pour que les niveaux d’air pollué soient considérés comme un facteur clé dans le traitement des épidémies de coronavirus», écrit le journal. (…)
«La plupart des scientifiques pensent qu’il est très probable que la pollution de l’air augmente le nombre et la gravité des cas de Covid-19. On sait déjà que le fait de respirer de l’air pollué pendant des années provoque des maladies cardiaques et pulmonaires. Or, ces maladies aggravent les infections à coronavirus. On sait également qu’une exposition de courte durée augmente le risque d’infections pulmonaires aiguës», rapporte «The Guardian».
La méthode de référence pour confirmer le lien entre la pollution atmosphérique et Covid-19 consisterait à évaluer sur un grand nombre de patients atteints de coronavirus les caractéristiques individuelles, de manière à pouvoir prendre en compte leur âge, leurs antécédents de tabagisme et autres. (…)
«Il existe maintenant des centaines de recherches sur des groupes de malades, bien que la plupart doivent encore être analysées», a déclaré le professeur Francesca Dominici de l’Université de Harvard, cité par «The Guardian». «Nous disposons déjà d’une quantité impressionnante de preuves des effets néfastes des particules fines sur la santé, donc même sans Covid, nous devrions mettre en œuvre une réglementation plus stricte. La quantité de preuves concernant le Covid-19 est aussi suffisamment importante maintenant pour considérer qu’il n’y a absolument rien à perdre, et seulement des avantages à donner la priorité à certaines des zones les plus vulnérables. Cela pourrait inclure la réduction de la pollution et l’augmentation des soins de santé dans les endroits les plus pollués», a-t-elle déclaré au quotidien. «C’est quelque chose qui devrait et doit se produire. Il existe de nombreuses preuves scientifiques qui nous font penser qu’un virus qui attaque nos poumons, et qui vous tue par une pneumonie virale, pourrait devenir plus mortel si vos poumons sont compromis parce que vous respirez la pollution de l’air».
La dernière recherche menée sur le sujet est publiée dans la revue «Science Advances». Elle examine l’impact d’une augmentation d’une seule unité de la pollution moyenne par les particules sur les décès dus à Covid-19 dans 3089 comtés américains, couvrant 98% de la population, sur une période de 16 ans avant la pandémie. Elle a inclus les 116’747 décès survenus jusqu’au 18 juin, date à laquelle l’étude a été soumise pour examen, et a pris en compte plus de 20 autres facteurs, notamment les densités de population, les ordonnances de séjour à domicile au niveau des États, la fourniture de lits d’hôpitaux et le statut social et économique.
«Il est frappant de constater que seules de petites différences dans les niveaux de pollution sont liées à des niveaux significativement plus élevés de Covid-19», souligne Mark Miller, un expert sur les impacts de la pollution de l’air sur la santé à l’Université d’Edimbourg, qui n’a pas participé à l’étude.
«Bien que cette étude ait été réalisée aux États-Unis, il n’y a aucune raison de croire qu’une situation similaire ne se produirait pas au Royaume-Uni, ni ailleurs dans le monde. Dans l’ensemble, ces conclusions mettent en évidence un lien qui doit être étudié de toute urgence». (…)
Une autre étude, publiée dans la revue «Cardiovascular Research», a utilisé des données sur la pollution atmosphérique mondiale, y compris celles de Harvard, pour estimer la proportion de décès dus au Covid-19 attribuable à une exposition à long terme aux particules fines. Elle conclut que «15% des décès dans le monde pourraient être dus aux dommages que l’air pollué cause au cœur et aux poumons. Cela équivaudrait à plus de 180’000 décès sur les 1,2 millions de morts du coronavirus. Selon ces chercheurs, 27% des décès de patients atteints sont attribuables à la pollution de l’air. Ce taux serait de 26% en Allemagne, de 18% aux États-Unis et de 14% au Royaume-Uni.
Le professeur Anna Hansell, de l’Université de Leicester, citée par le journal estime qu’il est évident qu’il y a un lien entre pollution de l’air et surmortalité du Covid-19 mais il est «prématuré de mesurer précisément ses effets. Quoi qu’il soit, il y a plein d’autres bonnes raisons d’agir pour réduire la pollution que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère comme responsables de 7 millions de morts dans le monde chaque année», conclut-elle.
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