La pollution au phosphore du lac Léman reste préoccupante
Le dernier rapport de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman s'interroge aussi sur l'impact d'un antibiotique et des micro-plastiques.
«Si les eaux du Léman sont de bonne qualité du point de vue des normes existantes pour l'eau potable et pour l'environnement en ce qui concerne les métaux et pesticides, des efforts restent à faire pour limiter les apports en phosphore, ainsi qu'en résidus médicamenteux.» Telle est la conclusion du dernier rapport du Conseil Scientifique de la Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman (CIPEL).
Pour ce suivi de campagne 2018, l'organisme note qu'un brassage partiel a été insuffisant pour réoxygéner les eaux profondes du lac. En effet, suite à un nouvel hiver doux, la teneur en oxygène dissous au fond du lac est restée faible toute l'année. Ceci est peut-être responsable du relargage de phosphore stocké dans les sédiments et par conséquent, de la prolifération d'algues observée du printemps à l'été 2018. Une augmentation des concentrations en manganèse en septembre par rapport à mars le confirme.
Moins de chlore et de phytosanitaires
«La concentration moyenne en chlorure dans le lac s'est stabilisée, à mettre en rapport avec les hivers doux et donc un moindre salage des voieries, à confirmer dans les années à venir. En revanche, la concentration moyenne en phosphore total a augmenté par rapport à 2017, au dessus des valeurs limitant notamment la prolifération d'algues.», écrivent les auteurs du rapport. Les apports des affluents, notamment du Rhône (92% des apports en phosphore total), dont le débit a été plus élevé en 2018 suite aux abondantes précipitations hivernales, la fonte des glaciers dues aux températures estivales élevées et l'apport par les stations d'épuration sont responsables de cette situation.
Bonne nouvelle, la quantité totale de produits phytosanitaires ayant transité par le Rhône par rapport à 2016 a baissé, «mais il faut rester vigilant quant aux résidus médicamenteux. Cependant, 19 produits phytosanitaires ont été détectés, mais aucun d'entre eux n'a atteint la concentration limite de la norme européenne pour l'eau potable, ni les critères d'effets écotoxicologiques. Concernant les résidus médicamenteux, 15 substances ont été détectées, dont la plupart montrent des concentrations moyennes infinitésimales. La metformine représente à elle seule les trois?quarts de la charge annuelle totale en résidus médicamenteux et est en augmentation de 500 kg par rapport à 2017. La présence de cette substance, prescrite dans le traitement du diabète, s'explique par son utilisation thérapeutique.
Mercure et PCB en baisse
Une nouvelle étude sur les sources d'apport en micropolluants par les affluents du lac montrent qu'ils présentent toujours des teneurs détectables en polychlorobiphényles (PCB), polybromodiphényl-éthers et hydrocarbures polycycliques aromatiques. Les sites présentant les concentrations les plus élevées sont situés à l'aval de zones industrialisées, notamment dans la vallée de l'Arve, et de sites contaminés, notamment Rhône amont. D'autres sources, comme des installations électriques de forte puissance et l'urbanisation, peuvent également être incriminées. Ces micropolluants sont préférentiellement stockés dans les sédiments et représentent un risque direct pour les organismes, vivant ou se nourrissant dans les sédiments, ainsi que pour les organismes supérieurs qui s'en nourrissent.
Les concentrations en mercure et en PCB dans les poissons (gardons et lotes) ont baissé au fil des décennies et semblent se stabiliser. Le Léman apparaît peu contaminé. Néanmoins, les concentrations moyennes dépassent les critères d'évaluation (toxicité pour les prédateurs) pour le PCB et le mercure. Les concentrations moyennes en composés perfluorés servant dans les produits hydrofuges et antitâches sont inférieures au critère d'évaluation, mais quelques individus le dépassent.
Un retardateur de flamme a également été détecté de manière systématique. Les teneurs en métaux dissous et en pesticides dans les eaux du Léman demeurent faibles et respectent les valeurs de références suisse et française pour l'eau potable et la protection de l'environnement. 38 pesticides, majoritairement des herbicides, ont été détectés dans les eaux du Léman. La concentration de produit de dégradation du glyphosate est en augmentation depuis 2015, en revanche celle de l'atrazine (interdite depuis une dizaine d'années) paraît stable.
Les microplastiques à l'étude
Les concentrations en résidus médicamenteux sont stables ou en baisse, sauf pour la méthénamine, un antibiotique urinaire. À l'heure actuelle, cette substance ne fait l'objet d'aucune norme réglementaire concernant l'eau potable ; les informations disponibles indiquent qu'il n'y a pas de risque sanitaire ou pour l'environnement en l'état actuel des choses.
Enfin, concernant les microplastiques présents dans le lac, il n'est actuellement pas possible de caractériser les risques pour les écosystèmes et l'homme. Des études sur l'évaluation des apports par les affluents, les impacts sur l'écosystème au moyen d'analyse des tubes digestifs de poissons, et le stock de plastiques en devenir sur les rives et plages seront lancées.
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