SécuritéLa police met les deux roues dans son viseur
Ce jeudi, pendant deux heures, contrôle aléatoire au ras du bitume. Riche palmarès et vraies interrogations sur le fameux U lacustre, amendable lui aussi.

Un carrefour pour le moins névralgique de la Rive droite. Rue du Mont-Blanc, à l’entrée du pont du même nom. De chaque côté, un quai, routier d’abord, puis pavé quand on s’approche de l’Hôtel des Bergues. C’est là que la police a installé son point fixe, ce jeudi à 14 h. Son quoi? Son contrôle des deux-roues motorisés et des cyclistes.
C’était écrit sur le carton d’invitation adressé à la presse. Il a été suivi. Un essaim médiatique entoure les policiers qui se distribuent les rôles au ras du bitume. L’exercice n’est ni complètement répressif ni vraiment dissuasif dans l’intention. De la prévention active si l’on veut, par l’acte et par l’exemple.

Une sorte d’observatoire des mobilités émergentes sur fond de festival d’incivilités. C’est riche, c’est pendant 120 minutes du cinq étoiles pour tous. Et d’abord pour le trieur, un officier supérieur, bien visible en bordure de chaussée, dans l’axe des arrivants.
À charge pour lui de repérer les engins et leurs usagers en les invitant à s’arrêter. «Ils ont beau m’avoir vu car je ne me cache pas, ils sont une bonne dizaine, en une petite heure de comptage rapide, à avoir brûlé le feu rouge qui les concerne», note-t-il sans sourire.
L’ordinaire. Le «spécial» se retrouve sur le rouleau qui calcule en temps réel la vitesse de l’engin intercepté. La trottinette affiche un bon 58 km/h. «C’est celle de mon frère, il va m’entendre, j’ignorais sa puissance», commente celui qui poursuivra son trajet à pied ou en transports publics. Son moyen de locomotion survitaminé, lui, est saisi. Il finira l’après-midi à la fourrière.

«La trottinette électrique, c’est un vrai fléau», lâche un gradé, incollable sur les comportements à risques de ce matériel aussi dangereux qu’inadapté à la «conduite» en ville. Le moment n’est pas à débattre de cela, mais à faire le décompte de l’opération menée pile au milieu du fameux U lacustre. Soit, indique en début de soirée, le porte-parole de la police genevoise, Alexandre Brahier, «35 véhicules contrôlés, 26 amendes d’ordre, 2 contraventions, 1 délit LCR pour défaut de permis de conduire, 6 fiches techniques délivrées pour remettre le véhicule aux normes.»
Sous la fiche technique, le ressenti général de ce contrôle aléatoire qui se répétera ailleurs une bonne quarantaine de fois durant l’année. Citation: «Si nous n’étions pas présents aujourd’hui en bordure de ce carrefour, en moins de dix minutes, vous auriez mal aux yeux», résume le capitaine Yann Oppeliguer. On ajoutera, sans le contredire, que la piste cyclable venant du quai du Mont-Blanc n’arrange rien à la confusion.

Les cyclistes se mélangent aux piétons dans une promiscuité effrayante. Une retraitée s’est extirpée du peloton mixte et s’approche du policier en mettant le pied à terre. «Il y a un vrai problème à cet endroit», fait-elle remarquer. On ajoute pour elle: c’est le U lacustre qu’il faudrait contrôler à son tour, sur chaque rive. Il est lui aussi, en maints secteurs, largement amendable.
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