La police et Pierre Maudet enterrent la hache de guerre
La police judiciaire a accepté l'accord, remanié, proposé par le Conseil d'État. Il porte sur le salaire, les débours et l'assurance-maladie.

«C'est un bon accord compte tenu du contexte économique et social.» Le commentaire de Marc Baudat, président de l'Union du personnel du corps de police (UPCP), sera lu avec délectation par Pierre Maudet, le conseiller d'État responsable de la Sécurité. Après des mois de négociations difficiles, dont un clash survenu le 12 décembre avec le Syndicat de la police judiciaire, la ratification du protocole, mardi matin, est du pain bénit pour le magistrat libéral-radical à la veille des élections cantonales.
L'accord concerne trois points extrêmement sensibles de la rémunération des policiers. Tout d'abord, le Conseil d'État fait une concession importante en alignant à la hausse tous les policiers dans une classe identique. La police judiciaire avait vécu comme une humiliation le fait d'être rétrogradée au niveau des autres policiers. Elle retrouvera sa classe antérieure, qui sera aussi celle de tous les autres policiers. Il en coûtera environ 800 000 francs de plus par an à l'État.
Des économies malgré tout
Il serait toutefois faux de croire que l'opération globale coûtera au Canton. La division par deux des débours forfaitaires accordés aux policiers permettra en effet d'économiser 2,4 millions de francs annuellement. «Nous avons pu vérifier que les forfaits accordés étaient dans certains cas bien supérieurs aux frais réels des policiers», commente Pierre Maudet.
Seconde économie, un peu plus diluée dans le temps: la participation de l'État à la prime d'assurance-maladie. Dès janvier 2019, elle ne sera plus payée intégralement, mais sur la base d'une compensation forfaitaire calquée sur la prime cantonale moyenne (583,30 francs en 2018). De plus, les nouveaux collaborateurs ne bénéficieront plus de cette aide.
Enfin, un arrangement a été trouvé concernant les frais de justice liés aux 300 recours déposés par des membres de la police judiciaire contre leur déclassement (des procédures désormais vidées de leur sens). C'est la justice qui décidera qui devra payer quoi, alors que le Conseil d'État estimait que c'était aux policiers d'assumer les dépens. Les sommes en jeu étaient peu importantes, mais c'était devenu une affaire de principe.
«Le résultat final des négociations montre que l'on peut discuter avec la fonction publique et trouver un arrangement qui produise des économies, se félicite Pierre Maudet. C'est un bon accord, avec des concessions de part et d'autre. J'en suis satisfait car il est important de retrouver un climat apaisé.»
Marc Baudat, de l'UPCP, exprime le même point de vue. Mais pas au point de voir totalement l'avenir en rose quand on l'interroge sur la suite: «Vivre, c'est prendre un risque, lâche-t-il, fataliste. Ce n'est qu'une perpétuelle remise en question. Je ne sais absolument pas ce que nous réserve l'avenir, notamment concernant le projet Score, le nouveau système de rémunération de la fonction publique.»
Des craintes exprimées
Alors, tous contents, les policiers? Pas vraiment, dès que l'on se tourne vers la police judiciaire. «Nous avons accepté l'accord afin de limiter la casse, précise Michael Berker, membre du comité du Syndicat de la police judiciaire. Sans cela, des attaques encore plus violentes auraient suivi.»
Notre interlocuteur qualifie le résultat de «doux-amer». «Il est doux parce qu'on nous rend notre classe, ce qui n'est que justice, conclut-il. Mais il est amer parce que ce protocole est fragile. Il n'est que transitoire en attendant Score. M. Maudet croit qu'il s'est offert une paix royale pour sa campagne électorale, mais il se trompe. Pour nous, il n'y aura pas de pause.»
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