Quelle est votre place préférée? (6/8)La place de l’Écoquartier Jonction favorise les rencontres
Nombreux regrettent toutefois le caractère trop minéral des lieux. Des arbres récemment été plantés participent à adoucir l’aspect minéral du lieu.

Située entre le boulevard Saint-Georges et la rue du Stand, la large place centrale du nouvel Écoquartier Jonction commence «à fonctionner», selon l’appréciation de Laura et Eugène, qui tiennent l’arcade de cuisine locale, Artemesia, terme médical (ndlr; nom latin de la plante de l’absinthe) et joyeux à la fois.
Pour avoir flâné à plusieurs reprises sur leur sympathique terrasse ombragée, il apparaît que tout le monde se salue. «Les gens se connaissent depuis au moins dix ans, ils ont collaboré à l’élaboration de l’écoquartier; ça crée du lien», note Laura.
Les nombreux visiteurs participent aussi à la dynamique des lieux. «Il y a beaucoup de passage; les choses bougent à la Jonction, se réjouit Eugène. Le Cabinet vient de rouvrir, La Jonquille avec ses bières artisanales marche à fond. Sans oublier Nino, le caviste, et la salle culturelle pluridisciplinaire du Groove… Maintenant on sait quoi faire à la Jonction.»

Ancien site industriel
Cet élan, nous l’avons constaté de nos propres yeux. Mais la place n’en demeure pas moins critiquée: «L’éco-ghetto», comme la qualifie Eugène. «Même si des arbres ont été heureusement ajoutés, elle reste trop minérale.» Il faut savoir que les habitants souhaitaient disposer d’une place vierge pour favoriser les rencontres. Et les enfants profitent effectivement de l’espace pour s’en donner à cœur joie tandis que les parents boivent paisiblement un verre sur les bancs ou les terrasses adjacentes.
«Les gens se connaissent depuis au moins dix ans, ils ont collaboré à l’élaboration de l’écoquartier; ça crée du lien.»
Outre les arbres, récemment plantés donc, une armature en métal devrait se muer un jour en pergola à l’italienne pour atténuer le caractère minéral de la place… quand la végétation voudra bien s’étendre sur cette structure métallique. Elle rend pour l’heure hommage au site industriel d’antan, dont la vocation a pris fin dans les années 1990.
Par la suite, des artistes et des artisans se sont approprié cet espace abandonné et ont fondé le collectif Artamis. Mais le terrain et les bâtiments qu’ils occupaient étaient pollués et le projet d’assainissement a nécessité la libération totale du périmètre dès 2008. À la suite de cette opération «tabula rasa», la Ville et le Canton de Genève, propriétaires des terrains, ont décidé d’y créer un écoquartier, qui tire son nom de la proximité de l’endroit où l’Arve et le Rhône se joignent.

Revêtement en gravier
En février 2010, le jeune bureau d’architecture lausannois Dreier Frenzel remporte le concours et conçoit trois bâtiments indépendants pour la coopérative d’habitation de la Codha, la Société coopérative d’habitation Artamis des Rois, ainsi que la Fondation de la Ville de Genève pour le logement social. Les travaux – certains toujours en cours – sont menés depuis 2013.
De ces trois volumes se dégagent trois espaces publics majeurs aux caractères distincts. Parmi eux, la place centrale se démarque du maillage des ruelles asphaltées par un revêtement en gravier. «J’aurais préféré une pelouse rafraîchissante», déclare un habitant, qui regrette également la monotonie des bâtiments ambiants. Cet espace de référence au cœur de l’îlot, dont la matérialité évoque une place de village, reste cependant l’une des grandes forces de ce projet de quartier. Il présente une urbanité qui laisse la place aux piétons.
«J’aurais préféré une pelouse rafraîchissante.»
Le dispositif de la cour auquel s’ajoute celui des coursives, souvent dotées d’une riche végétation, induit une cohabitation adaptée à des personnes partageant un projet de vie commun. Et souvent adeptes de la petite reine: les nombreux vélos parqués dans de petites ruelles adjacentes en attestent. La suppression des places de parking en surface participe au développement de l’espace public.

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