«La philanthropie a le vent en poupe à Genève»
Une fondation phare dans le canton fête ses 10 ans. Son président revient sur ce secteur en plein essor.

La philanthropie était à l'honneur à Genève lundi soir. Pour célébrer son 10e anniversaire, la Swiss Philanthropy Foundation (SPF) a organisé un événement à la Cité du temps et distingué dix initiatives. De la Fondation Hans Wilsdorf à la Fondation pour Genève, la philanthropie semble en verve. Est-ce le cas? Entretien avec Etienne Eichenberger, président de SPF.
La Swiss Philanthropy Foundation, c'est quoi?
Il s'agit d'une fondation d'utilité publique dite «abritante». Aujourd'hui, trois possibilités s'offrent à la personne qui souhaite faire une donation: la faire en direct (par exemple à une ONG), créer sa propre fondation ou passer par une fondation abritante. Cette dernière option évite aux donateurs de devoir faire face aux tracasseries administratives liées aux fondations.
Existe-t-il de nombreuses fondations «abritantes»?
Il en existe une dizaine en Suisse, certaines sont rattachées à une banque, d'autres sont indépendantes. La SPF est la principale parmi les indépendantes. Il y a dix ans, nous avions parié que les fondations abritantes allaient se développer. Nous l'avons démontré – avec 32 fonds pour 163 millions de francs reçus ou engagés – mais nous souhaitons accélérer notre développement.
Vous parliez de tracasseries administratives. Sont-elles importantes?
Il se crée en moyenne une fondation par jour en Suisse, mais pour trois fondations créées, deux sont dissoutes ou fusionnées, selon le Center for Philanthropy Studies de l'Université de Bâle (CEPS). Ces chiffres montrent qu'il n'est pas évident d'animer une fondation. Il faut informer régulièrement les autorités compétentes, tenir une comptabilité, rédiger des statuts, analyser les projets à soutenir. Dans le cas d'une fondation abritante, vous déléguez ces tâches administratives nécessaires pour vous concentrer sur vos donations. Nous nous chargeons de ces tâches sous la surveillance fédérale des fondations.
Une surveillance fédérale?
En Suisse, il existe 13 172 fondations d'utilité publique, selon CEPS. Un quart d'entre elles sont surveillées par une surveillance fédérale, le reste l'est par un organisme de surveillance régionale. Il en existe un pour Genève. Notre fondation est surveillée à l'échelon fédéral car elle a une vocation internationale.
La philanthropie a-t-elle le vent en poupe?
Oui, nous le croyons pour différentes raisons: plus de gens font fortune plus vite, un entrepreneur aujourd'hui est plus souvent tenté de vendre une société qu'il crée que de la transmettre, ce qui peut générer un afflux important et soudain d'argent à des personnes physiques. On vit plus longtemps et mieux, et les gens sont plus sensibles à rendre ce qu'ils ont le sentiment d'avoir reçu.
Est-ce le signe que l'Etat n'en fait pas assez?
La philanthropie s'inscrit dans un contrat social. Aux Etats-Unis, où elle est traditionnellement développée, l'Etat est moins présent. Je ne pense pas que cela soit le modèle à suivre. En Suisse prévaut une logique de la complémentarité. L'Etat part du principe que des particuliers peuvent contribuer à l'intérêt général sans se substituer à celui-ci. Le Conseil d'Etat genevois a d'ailleurs fait savoir à la fin de juillet qu'il avait mis en œuvre des simplifications administratives et fiscales pour favoriser l'essor de la philanthropie.
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