
Madame de Warens – prénom composé: Françoise-Louise – était tout à la fois espionne, épistolière et libertine. Julie en aurait bien fait sa copine. Rousseau était dans la place avant elle. Les deux amants se partagent à parts égales la nomenclature des rues situées sur les hauts de Saint-Jean, mais c’est la protectrice de l’écrivain qui dispose de la meilleure adresse.
Une promenade à son nom, entre les immeubles d’Ermenonville et les falaises de Saint-Jean. Un microclimat en belvédère si l’on préfère. Il a sa vue sur le Salève, il a ses chats et son potager urbain. Il lui manque juste ce qu’on lui a retiré il y a maintenant quatre ans: un banc panoramique.
Des palissades marquent l’endroit transformé en friche abandonnée. Le début de quelque chose qui s’éternise, spécialité locale. Les habitants commencent à trouver le temps un peu long. Julie également. Elle s’y arrêtait jadis avec sa «Nouvelle Héloïse» sous le bras, en profitant de ce podium étagé pour réviser sa géographie urbaine.
«Allô? C’est pas nous. Allô? Oui, c’est nous…»
Depuis, une clôture fatiguée sur laquelle on aurait pu accrocher un petit panneau explicatif, histoire de satisfaire la curiosité citoyenne. Julie se renseigne. Un premier service municipal, c’est pas nous. Un deuxième, oui c’est nous. Les Espace verts (SEVE) sont sur l’affaire. Bonne nouvelle. Le chemin bitumineux d’un autre âge sera remplacé par de l’argilo-calcaire.
Mieux: deux belvédères en retrait de la falaise seront aménagés. Et le banc qui donne de la hauteur? Il va revenir lui aussi, à l’endroit où ses socles en pierre prenaient la pluie à découvert avant d’être retirés. Calendrier prévisionnel: fin 2023. Une année de plus à attendre. Les fidèles de l’endroit, et ils sont nombreux, attendront. Mais pas plus, s’il vous plaît. Cette nature enfermée mérite que l’on s’occupe enfin d’elle.

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Encre bleue – La nature enfermée
L’un des plus beaux panoramas de Genève, sur les hauts de Saint-Jean, est toujours en attente de travaux. On s’en approche enfin.