La métamorphose du plastique
L'association Tricrochet fait de l'artisanat avec des sacs plastiques, pour sensibiliser la population à cette problématique.

C'est beau, un sac plastique! Si, si! Une fois métamorphosé dans l'atelier de l'association Tricrochet, il n'a plus rien à voir avec cet accessoire d'une affligeante banalité qui cesse très vite d'être utile pour devenir encombrant. Fondatrice et directrice de l'association, Lina Sandoval a eu il y a quatre ans l'idée de récupérer les sacs plastiques pour en faire de l'artisanat. Sacs à main, pochettes, bloc-notes, bijoux, etc.: cette matière première offre de multiples possibilités, grâce à diverses techniques comme le crochet, le tricot, le tissage ou la fonte. Le résultat peut être très surprenant pour quelque chose tiré d'un déchet.
Du constat à l'action
Mais le but est avant tout écologique. «Il s'agit de susciter une réflexion sur nos modes de consommation et de développer des alternatives pour réduire la quantité de déchets de plastique», résume Lina Sandoval. Ce fléau pour l'environnement, elle en a pris conscience lors d'un voyage en Equateur dans le cadre de ses études de géographie. «Je me trouvais dans un parc naturel envahi par le plastique, se souvient-elle. Or la communauté indigène qui y vivait n'utilisait pas de sacs en plastique. Ils avaient été amenés jusque-là par le vent et par la rivière.»
Lina Sandoval se met à réfléchir à une solution. «Ma mère m'a alors raconté que ma grand-mère, en Colombie, faisait du crochet avec des sacs plastiques.» Elle apprend aussitôt la technique et, avec les habitants du parc naturel, fabrique des grands sacs solides pour les récoltes de fruits et de légumes. De retour à Genève, elle participe au concours IDDEA pour l'entrepreneuriat durable et obtient le deuxième prix, qui lui permet de créer l'association Tricrochet. Parmi ses derniers faits d'armes, on peut citer l'organisation, le 17 juin, d'une opération de nettoyage des rives de l'Arve. Bilan: 52 sacs remplis de déchets. Comme quoi il n'y a pas besoin d'aller à l'autre bout du monde pour se confronter au problème du plastique.
Mais la principale activité de l'association, ce sont les ateliers où on peut créer soi-même des objets à partir de sacs en plastique. Après avoir été trié, chaque sac est découpé en une longue lanière d'un seul tenant, qui est mise en pelote pour être ensuite crochetée, tricotée ou tissée. «C'est une matière difficile à réutiliser, on s'en rend compte en la travaillant», souligne Lina Sandoval. Dix heures de travail sont nécessaires pour faire un cabas à commissions en tissage.
Former et sensibiliser
Les réalisations sont vendues sur le site Internet de l'association (www.tricrochet.ch), lors d'événements et dans un salon de coiffure carougeois. Les 80% du prix de vente reviennent aux personnes ayant fabriqué ces objets. Le reste finance le programme «Consolide», qui permet de former trente personnes par an aux diverses techniques utilisées ici, afin de renforcer leurs compétences et de les accompagner dans la mise sur pied d'un projet personnel ou professionnel. Un autre programme, «Sensibilise», est destiné aux écoliers genevois. Il a valu à Tricrochet de recevoir dernièrement une mention au Concours cantonal du développement durable. Les ateliers ont aussi pour vocation de favoriser les échanges intergénérationnels, l'entraide et l'intégration: «Nous accueillons des gens de tout âge et de toute nationalité, confie Lina Sandoval. Chacun apporte sa propre expérience par rapport aux déchets de plastique et son propre savoir-faire.»
En vue d'une exposition, des robes ont même été confectionnées avec des sacs plastiques! En attendant de les dévoiler en novembre, le prochain défi de l'association consiste à se trouver un nouveau local mieux adapté à ses besoins. A bon entendeur!
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