
Genève, 24 avril
Scandalisé par les accusations qui m’ont été portées dans le courrier des lecteurs daté du 13 avril 2023, je tiens à y apporter un démenti formel. Je peux concevoir que la fin de l’aventure merveilleuse qu’a été l’épopée du Rameau d’Or puisse susciter chez certains de la frustration, il n’en reste pas moins que je ne puis tolérer de me voir sali par de tels propos.
Au cours des trois ans et demi ardus mais fantastiques durant lesquels j’ai eu le privilège de diriger le Rameau d’Or, j’ai toujours agi avec passion, professionnalisme, bienveillance et éthique. Les très nombreux témoignages de soutien que j’ai reçus en attestent.
Ce que je retiens également c’est le formidable travail par mes prédécesseurs (que j’ai toujours loués) et par moi-même pour essayer de faire vivre et remettre à flot une entreprise qui vacillait et aurait dû fermer. Et dont la propriétaire m’avait donné comme mandat de «tenter ce qui était possible, car quoique l’on fasse la situation ne pouvait pas être pire». Par «pire», il s’agissait de la fermeture définitive du Rameau d’Or prévue au départ de mon prédécesseur à l’automne 2019.
Afin d’étayer mes propos, je me permets de le citer lors d’un échange par e-mail le 27 novembre 2020 dans lequel il m’écrivait : «Je suis bien le premier à savoir à quel point il est difficile de gérer le Rameau… Je serais bien resté dix ans de plus si les finances n’avaient pas été aussi catastrophiques, malgré un grand (re)succès.» Son constat était donc très clair à l’époque.
Je trouve de ce fait regrettable qu’il se soit senti attaqué alors qu’il n’y a pas d’attaque de ma part et surtout je ne comprends donc pas ses lourdes accusations et sa version révisionniste de la réalité. J’espère ainsi mettre un point final à cette polémique désagréable, injuste et mensongère qui entache mon honneur et celui du Rameau d’Or.
Je ne m’appesantirai donc pas non plus sur les accusations farfelues concernant mes lectures et nos commandes de livres. Ni sur les contre-vérités concernant la gestion du personnel, il s’agit de la vie de toute entreprise privée.
Gardons plutôt en mémoire un lieu qui a accueilli des milliers de lecteurs et lectrices, des centaines d’événements culturels, un public ouvert sur la diversité et l’échange, la volonté de proposer la littérature pour toutes et tous.
À titre personnel, je retiens de cette expérience une magnifique aventure. Mon équipe et moi-même avons notamment attiré une nouvelle clientèle, développé des projets culturels passionnants prisés des clients et du public, créé une mission sociale totalement bénéfique, redonné des couleurs au Rameau d’Or et fait perdurer l’esprit d’ouverture de son fondateur avec la bénédiction de sa fille. Tout cela dans un contexte de pandémie et de restructuration totale de l’industrie littéraire.
Je me permets de reprendre mes mots de fin de nos soirées culturelles pour clore ce chapitre: communiquons, communions, levons-nous et de manière plus poétique, pour plus d’harmonie et de sagesse, soyons comme l’allumeur de réverbères du Petit Prince qui parcourt une planète folle et irresponsable ; allons dans les sentiers, prônons l’Amour, allons aux spectacles, lisons des livres, soutenons les librairies indépendantes et allumons sans cesse nos lumières et celles des autres.
Frédéric Saenger, directeur du Rameau d’Or
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