La lune de miel s'intensifie entre la Chine et la Suisse
Dix accords entre les deux pays ont été signés lundi à Berne. L'énorme déploiement policier à l'extérieur fait tousser à gauche.

La scène est surréaliste pour un observateur suisse. Quatre bureaux ont été disposés lundi matin sur l'estrade d'une grande salle du Bellevue Palace de Berne: deux devant, deux derrière. Arrivent les présidents chinois et suisse, Xi Jinping et Doris Leuthard. Ils s'assoient derrière les deux bureaux surélevés du fond. Commence alors la grande cérémonie des signatures. Dix accords portant entre autres sur le commerce, la culture ou les douanes sont paraphés selon un rituel immuable.
Les ministres concernés, Didier Burkhalter et son homologue chinois par exemple, s'assoient derrière les bureaux au premier plan et signent les documents sous l'œil bienveillant et protecteur des deux présidents. La scène se répète pour chaque accord. Pour celui sur l'énergie, Doris Leuthard va-t-elle changer de bureau pour signer? Non. Hors de question qu'elle quitte son Olympe. Le directeur de l'Office fédéral de l'énergie, rebaptisé pour l'occasion «secrétaire d'Etat», la remplace dans ce ballet réglé au millimètre.
Dix accords ou conventions signés, c'est un signe tangible que la lune de miel s'intensifie entre la Chine et la Suisse. Xi Jinping le souligne d'ailleurs dans son discours, où il remercie d'entrée «l'accueil chaleureux» de la Suisse. «Nous louons le bon développement de nos deux pays. Cette coopération porte ses fruits.» Il appelle de ses vœux un nouveau renforcement de ces relations dans les domaines financier et économique. Il annonce en outre l'ouverture d'un centre culturel chinois à Berne.
Un accord de libre-échange
Pour les entreprises suisses, souvent confrontées à la bureaucratie chinoise, un tel engagement du président Xi Jinping est une aubaine. Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, qui a signé le premier accord de libre-échange, affirme d'ailleurs qu'il ne faut pas surestimer les difficultés de pénétrer le marché chinois. «Lors de la première année, sur 90'000 transactions, 89'000 ont bien fonctionné.» Concernant la réduction des tarifs douaniers, il se montre optimiste sur les chances d'arriver à une solution satisfaisante en y allant pas à pas.
La Suisse conserve d'ailleurs une longueur d'avance sur les pays européens qui n'ont toujours pas d'accord de libre-échange avec la Chine. Et cette dernière, qu'est-ce qui l'intéresse particulièrement en Helvétie? «La coopération entre universités, la formation professionnelle et les processus politiques concernant les minorités. Ils veulent des spécialistes et nous leur en fournissons bien volontiers», explique Schneider-Ammann, à l'aise comme un poisson dans l'eau quand il s'agit d'échanges avec les Chinois. Les deux pays ont proclamé 2017 «Année du tourisme». On attend en Suisse plus d'un million de visiteurs chinois.
Alors qu'une harmonie feutrée règne sous les lambris du Bellevue Palace, les rues avoisinantes sont toujours bouclées par un impressionnant dispositif de police. Les hélicoptères tournoient dans le ciel, des forces de l'ordre surveillent en tenue de combat et des barrières empêchent tout accès aux abords du Palais fédéral. Dimanche, la police bernoise a même arrêté des activistes qui scandaient trop bruyamment «Free Tibet».
L'ancienne présidente du Conseil national Maya Graf (Vert/BL) trouve «indigne pour le pays et ses citoyens cet agenouillement devant un puissant partenaire commercial». Les pouvoirs publics ont-ils eu la main trop lourde pour éviter tout ce qui aurait pu être perçu comme une provocation envers l'hôte chinois? La présidente Doris Leuthard ne le pense pas. «Nous devons assurer la sécurité des chefs d'Etat et, à ma connaissance, la police bernoise l'a très bien fait. Quant aux provocations, moi non plus je n'aime pas être provoquée quand je suis invitée à l'étranger.»
Pour ce qui est des droits de l'homme en Chine, la présidente affirme également avoir discuté de ce sujet avec la délégation chinoise. «Mais nous l'avons fait de façon respectueuse, en sachant que les deux pays ont des vues divergentes sur la question.»
Le président chinois, Xi Jinping, qui a refusé toute conférence de presse, poursuit son périple suisse ce mardi au WEF. Son discours contre le protectionnisme voulu par Donald Trump est attendu. Mercredi, il sera à Lausanne et à Genève, où il se rendra au CIO et à l'OMS.
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