Une entreprise privée ou un pays ne devrait pas avoir le pouvoir de décider qui dans le monde a accès aux traitements ou aux vaccins et à quel prix. Les brevets confèrent pourtant à quelques entreprises un contrôle quasi monopolistique de produits pharmaceutiques essentiels. Cela limite leur disponibilité, notamment en empêchant de les fournir en quantité suffisante, à bas prix pour répondre aux besoins du plus grand nombre. Dans les pays pauvres où les vaccins et traitements représentent des charges insupportables, cela revient à en priver de larges secteurs de la population.
Le 2 octobre 2020, l’Afrique du Sud et l’Inde ont demandé à l’OMC la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19, ce qui a été refusé avec le soutien de la Suisse. Depuis lors, la pandémie a tué en moyenne 10’000 personnes par jour dans le monde. Or, au 15 septembre 2021, à peine 3% des habitants des pays à faible revenu avaient reçu une dose au moins de vaccin, contre plus de 60% dans les pays riches. C’est que Big Pharma réserve ses livraisons au prix fort aux pays les plus solvables, dégageant des profits colossaux.
Ces firmes pratiquent aussi l’optimisation fiscale à grande échelle. Ainsi Moderna déclare tous les bénéfices de ses ventes à l’Union européenne dans son siège bâlois, qui ne paiera que très peu d’impôt sur les bénéfices, grâce à RFFA, comme le relève l’étude de Vincent Kiezbrink, de l’ONG néerlandaise SOMO. Cette situation est d’autant plus choquante que la recherche et le développement de son vaccin ont été largement financés par des fonds publics.
Le respect strict de la «propriété intellectuelle» garantit d’énormes marges bénéficiaires à quelques multinationales et pénalise une grande partie de l’humanité, permettant au virus de continuer à circuler et à muter. Quant aux profits privés et à l’évasion fiscale, ils minent la crédibilité des vaccins, nourrissant l’idée que les intérêts de quelques gros actionnaires dominent les choix sanitaires des États.
Le combat contre le Covid-19 doit être mené à l’échelle planétaire en plaçant la santé de l’humanité au centre. La production des vaccins et des médicaments, mais aussi la prise en charge des malades ne peuvent dépendre de leur solvabilité. Le contrôle public de la recherche, de l’industrie pharmaceutique et du secteur hospitalier, de même que le développement d’un service public de la santé de qualité et gratuit, est donc plus que jamais indispensable.
Nul ne sera à l’abri tant que nous ne serons pas toutes et tous protégés. Alors que le Conseil des ADPIC (Accords sur les droits de propriété intellectuelle) de l’OMC se réunit le 13 octobre à Genève, il est indispensable de faire entendre la voix de l’intérêt général. Nous en débattrons à la Maison des associations, salle Carson, à 19 h 30, mercredi 13 octobre, avec le collectif Brevets sur les vaccins anti-Covid stop et avec le chercheur néerlandais Vincent Kiezbrink.
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L’invitée – La levée des brevets sur les vaccins s’impose!