Apprentissage civiqueLa jeunesse appelée à la tribune du Grand Conseil
Le Parlement des Jeunes Genevois souhaite donner la parole à la jeunesse lors d’une reproduction d’une session du Grand Conseil.

«Prends la place de tes députés!» Que la démocratie genevoise soit rassurée, ce n’est pas un appel à la révolution. Ce cri est lancé par le Parlement des Jeunes Genevois (PJG), qui organise l’imitation d’une session du Grand Conseil, les 31 mars et 1er avril prochain. Il n’y a pas de limite d’âge. Ce sont toutefois les collégiens et apprentis qui sont visés. Ils pourront prendre congé.
Le but est de porter la voix de la jeunesse auprès des institutions politiques. À l’issue des débats, des propositions politiques dans huit domaines seront remises – si elles sont approuvées – au Grand Conseil. Pour les élaborer, les participants seront répartis en commissions thématiques et devront réaliser un avant-projet. Celui-ci sera ensuite débattu devant l’assemblée, amendé et soumis au vote final. Le tout sous l’œil avisé de bénévoles adultes qui assureront le bon déroulement des discussions.
Débat passionnel
Noé Dene, président du PJG, Lara Atassi, trésorière, et Karam Youssef souhaitent transmettre leur passion pour le débat. Ils s’inspirent des Sessions des jeunes, qui se tiennent chaque année au Palais fédéral à Berne depuis 1991. Les trois y ont participé au moins une fois chacun. «Beaucoup avaient envie de s’exprimer, raconte Karam Youssef, «député» en 2021. J’ai été particulièrement touché qu’ils osent prendre la parole. Quand on est jeune, on pense que ce qu’on va dire ne va pas passer. Là, j’ai été impressionné.»
Il faut oser se lancer
Même s’il peut paraître effrayant, le jeu de la parole en public en vaut la chandelle. En 2019, alors que Lara Atassi siège à Berne, un amendement supprimant le soutien aux associations de jeunesses est en passe d’être accepté.
«J’étais épuisée, j’avais dormi une heure dans la salle du Conseil national, raconte l’étudiante en médecine. D’un coup, je me suis réveillée. J’ai déposé une demande de prise de parole. Je suis allée défendre ce sous-objectif. Quand on est vraiment touchée, on a cette vibration… D’un coup, nos mots deviennent plus évidents. On est plus éloquente. On arrive à convaincre les gens. Quand on retourne s’asseoir, on est vraiment fière de soi.»
«Quand on est jeune, généralement on pense que ce qu’on va dire ne va pas passer.»
Se plonger dans la difficulté
Les sujets peuvent être complexes: aménagement du territoire, sécurité, climat, entre autres. Même si les organisateurs ont confiance en la capacité des jeunes à s’en saisir, il leur faut éventuellement un coup de pouce. C’est pourquoi un carnet d’explications sera remis aux politiciens en herbe. «Le but, c’est aussi de fournir une boîte à outils pour comprendre le processus parlementaire et certains domaines spécifiques», note Noé Dene. Lui a par exemple dû traiter du dossier explosif de la prévoyance vieillesse en 2017.
L’affaire est sérieuse, mais n’exclut pas de se marrer un bon coup. À la session fédérale, placer des mots décalés dans son discours est un gag récurrent. «Une personne a fait tout un plaidoyer sur la banane, qu’elle avait réussi à rattacher à un projet fiscal, on était à la limite de l’absurde», rigole encore Noé Dene.
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