À Londres, devant la Chambre des communes britannique, le 8 mars, Volodymyr Zelensky s’est adressé aux députés en citant Churchill et Shakespeare. Devant le Congrès américain, le 16 mars, il a fait référence au rêve de Martin Luther King. Ce jeudi 17 mars, dans son allocution par visioconférence à l’Assemblée fédérale allemande (Bundestag), le président ukrainien a dressé un acte d’accusation.
Si Zelensky a demandé au chancelier Olaf Scholz d’abattre un «Mur» au cœur de l’Europe, c’était pour lui reprocher d’avoir contribué à son érection. Comme Merkel, dont il a été le ministre, le chancelier a toujours privilégié la politique du Germany first aux dépens de la liberté de l’Ukraine. «On vous a répété pendant des années que Nord Stream 2 était une arme», a pesté le président ukrainien.
«L’Allemagne craint surtout «l’effet boomerang» des sanctions économiques sur la prospérité du pays.»
Berlin a refusé jusqu’au dernier moment de stopper le «gazoduc de Poutine», qui contourne l’Ukraine par la mer Baltique. Avant de céder sous la pression des Américains, le chancelier a défendu un projet énergétique germano-russe au prétexte qu’il était «privé» et strictement économique… en oubliant de préciser qu’il était dirigé entre autres par son camarade social-démocrate, l’ancien chancelier Schröder, grand ami de Poutine.
En renforçant ses liens énergétiques avec la Russie, l’Allemagne s’est rendue «dépendante d’un despote», a concédé Robert Habeck, le ministre écologiste de l’Économie et du Climat. «L’économie, l’économie, toujours l’économie», a reproché le président ukrainien aux députés en dénonçant l’obsession allemande du business aux dépens des droits de l’homme.
Surtout pas d’embargo sur l’importation de gaz et de pétrole russes! C’est une question de «paix sociale», assure Robert Habeck. L’Allemagne craint surtout «l’effet boomerang» des sanctions économiques sur la prospérité du pays. L’égoïste allemand qui a fini par «isoler l’Ukraine» et «livrer le pays à la Russie», accuse Volodymyr Zelensky.
Un bilan désastreux
Avant l’invasion, Berlin a refusé de livrer des armes à l’Ukraine en prétextant des «raisons historiques». Une vieille rengaine de la «diplomatie du chéquier» du «dialogue constructif» avec Moscou qui lui a permis de se soustraire une fois de plus à ses responsabilités, comme au bon vieux temps de la guerre froide, en laissant les Américains et les Français assurer à sa place le leadership de la politique de défense européenne.
Le bilan est désastreux pour ce pays qui promet depuis des années d’assurer de nouvelles responsabilités comme première puissance économique du continent. Au lieu de répondre aux accusations de Zelensky, les députés du Bundestag sont revenus à l’ordre du jour, quatre minutes seulement après la fin de l’intervention.
La présidente du Bundestag s’est contentée de répéter que l’Allemagne restait «aux côtés de l’Ukraine». Aucun débat n’avait été prévu après cette allocution accusatrice. L’Allemagne peut ruminer sa honte en silence.
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La rédaction – La guerre en Ukraine révèle l’hypocrisie allemande
Devant les députés du Bundestag, le président Zelensky a dénoncé l’obsession allemande du business aux dépens des droits de l’homme.