La gale empoisonne la vie des requérants en abris PC
La maladie cutanée sévit dans les foyers où sont hébergés les requérants d'asile. Les mesures sanitaires manquent.

Le mercredi, le service de dermatologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) reçoit sans rendez-vous. La semaine passée, sur les 95 personnes venues consulter, douze étaient des requérants d'asile hébergés dans des foyers de l'Hospice général qui souffrent de problèmes liés à la gale.
«Beaucoup de migrants ont fait un voyage long et périlleux, ils arrivent avec la maladie en Suisse mais les centres fédéraux ne la traitent pas de manière systématique, et ils l'amènent avec eux en abris PC», observe la Dre Sophie Durieux, médecin adjointe responsable du Programme santé migrants.
La gale apparaît parfois en Suisse dans des lieux de vie communautaire ou chez des particuliers revenant d'un séjour à l'étranger. Son éradication nécessite de suivre une systématique rigoureuse. «Dès qu'une personne est diagnostiquée, elle prend son médicament le soir. Le lendemain, elle doit laver toutes ses affaires à 60 degrés – draps, oreillers et baskets compris –, prendre une douche et revêtir des habits propres, rappelle Mélanie Michaud, infirmière en santé publique aux HUG. Et tout son environnement doit être traité: la chambre où la personne vit, ainsi que les gens avec qui elle vit!»
Récidives fréquentes
Suite à l'augmentation des arrivées de demandeurs d'asile cet été, le recours à l'hébergement en abris PC s'est systématisé. Le 12 octobre, 414 personnes étaient logées dans sept foyers souterrains. Dans ces lieux, où des dizaines d'hommes partagent un dortoir, le traitement de l'environnement est complexe. «Comment laver le linge de trente personnes avec trois machines à laver? Comment s'assurer que chacun prenne sa douche lorsqu'il y en a que trois ou quatre pour 90 personnes? Et comment aérer la pièce durant douze heures après avoir sprayé les éléments non lavables?» questionne la Dre Durieux.
La médecin observe que les intendants de l'Hospice n'ont pas toujours les moyens de traiter l'environnement de manière adéquate. Par conséquent, les récidives sont de plus en plus fréquentes. «Certaines personnes ont dû être traitées plus de trois fois en moins de six mois, constate-t-elle. Le médicament coûte cher: 7680 fr. les 300 doses et n'est pas remboursé par l'assurance de base.» De plus, une gale mal traitée «peut engendrer des infections cutanées sévères qui nécessitent parfois une intervention chirurgicale voire une hospitalisation», explique le Dr Emmanuel Laffitte, médecin adjoint au service de dermatologie.

Manque de ressources
Loin de s'avouer vaincue, Sophie Durieux est persuadée qu'il est possible de casser la spirale des contaminations. «Quand on gère un camp de réfugiés, la première chose qu'on met en place c'est l'eau et les sanitaires. Il suffirait d'allouer du temps et des ressources pour traiter ce qui n'est, finalement, qu'un problème d'hygiène de base», conclut-elle.
L'an passé, un abri PC avait pu être libéré durant quarante-huit heures, le temps d'être traité. «Faute de place d'hébergement, une telle solution n'est plus possible», reconnaît Olivier Sanglier, directeur adjoint de l'Aide aux migrants à l'Hospice général. Ce dernier précise néanmoins «que le protocole sanitaire est en train d'être revu en collaboration avec le Programme santé migrants et qu'un partenariat va être mis en place avec des associations pour disposer de kits de vêtements propres».
Qu'est-ce que la gale?
La gale est une maladie liée à la pénétration dans la peau d'un acarien, le sarcopte. Elle se manifeste par des démangeaisons, surtout la nuit. Elle est contagieuse et se transmet par contact direct ou par des objets infestés. En revanche, impossible de l'attraper par une simple poignée de main ou dans les transports en commun, rassure le Dr Emmanuel Laffitte du service de dermatologie des HUG: «Il faut un contact rapproché et prolongé peau à peau avec une personne infectée ou ses vêtements.»
La maladie peut apparaître quelques jours ou semaines après la contamination. Le diagnostic, parfois difficile, est effectué par un dermatologue. Pour éradiquer le sarcopte, il est indispensable de traiter les personnes atteintes, leurs effets personnels. Les personnes au contact rapproché d'un malade doivent être traitées simultanément, même si elles n'ont pas de symptôme.
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