Didier Deschamps n’est pas du genre à laisser passer sa chance. À tel point qu’on souhaiterait parfois se glisser dans le maillot d’un supporter des Bleus – pour quelques instants seulement, rassurez-vous –, histoire de connaître cette douce certitude: peu importent les difficultés en chemin, à la fin, on l’emportera.
«Il n’y a qu’une équipe dirigée par Didier Deschamps qui peut se complaire dans la défection d’un Ballon d’or.»
Ici, les embûches se transforment en tremplin: elles permettent à des héros improbables de se révéler ou à d’autres d’endosser des costumes qu’on ne croyait pas taillés pour eux. Théo Hernandez, buteur providentiel face au Maroc, n’a-t-il pas pris la place de son frère aîné Lucas à la faveur d’une cruelle blessure en début de tournoi?
Les absences combinées de N’Golo Kanté et de Paul Pogba n’ont-elles pas offert à Antoine Griezmann un terrain d’expression nouveau, au cœur du jeu, où son intelligence éblouit comme elle enchante? Et que le groupe vit bien depuis le départ à la dernière minute de Karim Benzema: la nouvelle de son forfait aurait été plutôt bien accueillie par les cadres historiques, notamment Olivier Giroud, allez savoir pourquoi. Il n’y a qu’une équipe dirigée par Didier Deschamps qui peut se complaire dans la défection d’un Ballon d’or.
«Ici, l’expérience de la gagne n’est pas un empilement de savoir-faire individuels, elle est un sentiment qui se transmet par induction.»
Ces alignements stellaires (bientôt trois), on se plaît à croire que le sélectionneur français les invoque force sacrifices rituels et potions chamaniques; or le mérite de «DD» est d’avoir bâti un groupe au vécu collectif sans pareil au XXIe siècle.
Le soin pris à tisser du lien, à brasser du liant, entre les générations comme entre les lignes, a valeur de totem d’immunité. Ici, l’expérience de la gagne n’est pas un empilement de savoir-faire individuels, elle est un sentiment qui se transmet par induction. Au contact les uns des autres, ces hommes-là se persuadent que rien ne peut leur arriver; et dans les faits, peu importent les adversités, rien ne leur arrive.
Et, finalement, si les hommes passent, l’esprit reste, comme jadis, du temps de la grande Allemagne. Désormais, c’est la France qui, avant même d’entrer sur le terrain, a déjà un but d’avance: ce dimanche après-midi, l’Argentine sait que, pour gagner, en plus de battre les Bleus, elle devra terrasser la fatalité.
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Un totem d’immunité – La France a un but d’avance avant le coup d’envoi de la finale
Si l’Argentine entend casser la dynamique des Bleus et remporter le titre mondial, elle devra gagner plus qu’un match de football.