Premier romanLe beau livre d’un mécano poète qui fait rouler les mots
Le livre de Mattia Filice révèle un style, celui d’un écrivain singulier. Et vous fait pénétrer avec entrain dans l’univers des roulants en marquant de sa patte une vision contemporaine de la condition ouvrière.

Se dire qu’on vient de fermer un livre unique, d’avoir vu naître un écrivain car l’animal a du style, est une expérience rare pour un lecteur. C’est ce qui arrive en lisant Mécano, le premier roman d’un certain Mattia Filice. Surprise en ouvrant le pavé de près de 400 pages: le récit de ce cheminot lecteur de Rimbaud est en grande partie écrit en vers libres. Après un mouvement de recul, la phrase sans autre ponctuation que des points d’interrogations, signalant sa fin par la majuscule qui suit, glisse et vous entraîne sur des rails sans freins. L’écriture est à la fois clinique, poétique et métaphorique. Elle raconte la vie d’un mécano, d’un de ces cheminots qui conduisent des trains. On est pris par les mots, par le roulement du texte, les bruits des machines. Tout fait corps.