La folie des grandeurs d'Obiang devant la justice
Le procès de Teodorin Obiang, le fils du président de Guinée équatoriale, est le premier dans les affaires de «biens mal acquis».

Le premier procès dans l'affaire des «biens mal acquis», visant plusieurs chefs d'Etats africains (lire encadré ci-contre), s'est ouvert à Paris. Depuis lundi, Teodorin Obiang, fils du président équato-guinéen, vice-président depuis juin et ancien ministre de l'Agriculture de son pays, est jugé devant le Tribunal correctionnel de Paris. Il est accusé d'avoir pioché dans les caisses de l'Etat guinéen pour ses dépenses personnelles entre 2004 et 2011.
Trois Bugatti à 1,1 million
Agé de 47 ans, l'homme au train de vie de playboy est une caricature de l'élite kleptocrate. Costumes de luxe et œuvres d'art, quinze voitures de sport dont trois Bugatti à 1,1 million de francs: ses dépenses somptuaires contrastent avec le revenu mensuel moyen par habitant en Guinée équatoriale, qui s'élevait en 2015 à 1100 francs. Teodorin Obiang avait aussi acheté un hôtel particulier, avenue Foch, l'un des quartiers les plus huppés de Paris. Un immeuble estimé à 114,5 millions de francs, qui abrite discothèque, salle de cinéma et salon de coiffure.
Si l'un de ses avocats, Me Marsigny, déclare qu'«en Guinée équatoriale, Obiang a gagné son argent parfaitement légalement», les juges en doutent, sachant que le salaire de ministre empoché par son client se résumait à 5100 francs mensuels. Soit un deux-centième de Bugatti. Pour tous ces faits, il est poursuivi pour «blanchiment d'abus de biens sociaux, de détournements de fonds publics, d'abus de confiance et de corruption».
Le prévenu ne s'est pas présenté à la salle d'audience, lundi. Selon Me Marsigny, les délais étaient «beaucoup trop courts», et non conformes à la loi, compte tenu du fait que son client a déclaré son adresse à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale. Les défenseurs d'Obiang demandaient donc le report du procès, dont les dates avaient été fixées en octobre 2016. La décision sera rendue mercredi matin. L'avocat des parties civiles, William Bourdon, de concert avec le procureur, ont d'ores et déjà dénoncé des «manœuvres dilatoires». En effet, après une première plainte déposée en 2009 par l'association Transparency International et de nombreux blocages du Parquet de Paris, les avocats d'Obiang ont tenté d'invoquer l'immunité dont bénéficierait leur client et de faire appel à la Cour de justice internationale, sans succès.
Enquête en Suisse
Une partie de la fortune d'Obiang a transité par la Suisse, par le biais de cinq sociétés-écrans acquises à Genève en 2004, d'une valeur de 25 millions d'euros. Elles sont gérées depuis dix ans par six administrateurs suisses. Les fonds pour leur achat auraient été licites selon l'un d'eux, un avocat genevois. Mais de nombreuses enquêtes prouvent à quel point le régime de Malabo, dirigé par le père de Teodorin depuis 1979, est corrompu.
Dans un rapport de 2014, l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière a retracé le cheminement de ces fonds. 22 millions ont été payés sur le compte du précédent propriétaire, au Crédit Lyonnais de Genève. Ville bien connue de Teodorin, ses avions privés ayant atterri 47 fois dans la Cité de Calvin en 2016. Le Ministère public genevois a ouvert une enquête, en cours depuis cet automne.
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