Ce serait des voleurs de poules, à écouter certains. On les confond parfois avec les gitans et on s’imagine qu’ils roulent sur l’or. Certes, un tour de carrousel a un coût, tout comme l’achat et l’entretien d’un manège. Certains les aiment, d’autres les méprisent ou les craignent.
En plongeant dans leur univers, on découvre des sensibilités, un esprit de clan, des chamailleries vite éteintes, des langues bien pendues, de la gouaille et des familles entières qui regardent vers le futur en choyant les souvenirs du passé.
C’est vrai, les forains râlent, s’énervent et donnent l’impression de n’être jamais contents. Des «grandes gueules», comme on dit. Mais leur seul objectif, finalement, est de pouvoir travailler alors que la Ville de Genève entend réduire un peu la voilure, avec des fêtes plus courtes et limitées à la caniculaire plaine de Plainpalais.
On ne saurait leur en vouloir d’être exaspérés à l’idée de perdre le champ de foire estival des quais qui, selon eux, représente 20 à 30% de leur chiffre d’affaires annuel. Et sur lesquels ces familles s’installent depuis les années 60. On ne pourra pas non plus leur reprocher d’être réfractaires à l’idée de fêtes plus courtes, en décembre, pour cause de Mondial de football.
Les forains se sentent trompés. Floués d’être si facilement relégués ailleurs, à plus tard ou à jamais. Et les aînés s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants et petits-enfants qui ont embrassé le métier avec passion.
Qu’on les aime, qu’on les déteste ou qu’ils nous laissent indifférents, les forains se battent pour leur gagne-pain. À l’image de dizaines d’autres corporations, ils entendent conserver leurs acquis et un mode de vie auquel ils sont attachés.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – La farouche bataille des forains
S’ils râlent souvent, les professionnels du champ de foire luttent surtout pour protéger leur profession.