Vie politiqueLa dérive parfois sectaire d’une partie des Verts
La démission de Boris Calame, qui quitte les Verts, pose la question de la ligne de certains membres du parti genevois qui fête ses 39 ans d’existence.
Ce billet est signé par un blogueur de la plateforme «Les Blogs» en partenariat avec la «Tribune de Genève». Il n’engage pas la Rédaction.

Les Verts genevois fêtent cette année leurs 39 ans d’existence, mais fêteront-ils leur jubilé en grande pompe? Signe des temps, Boris Calame a annoncé le vendredi 1er juillet sa démission du parti au tournesol sur les ondes de Léman Bleu. Le feu brûle-t-il dans la forêt hétéroclite des militantes et militants Verts? Je ne reviendrai pas sur les maladresses exécutives vécues en Ville de Genève. Dès leur origine, ils s’étaient démarqués avec de vraies intentions et propositions pour plus d’équilibre écologique. Ce parti de centre-gauche a dû se positionner sur des sujets plus quotidiens que le combat contre le nucléaire et la lutte contre le gaspillage.
À l’instar de ses préopinants, maintenir la continuité idéologique n’est pas aisé, même si la droite ne se sent bien qu’avec un adversaire à conspuer, les Verts sont versés dans le respect des différences depuis toujours. Ils me semblaient être mus par la même passion que les pères fondateurs de la Genève moderne, tel James Fazy abattant le mur d’enceinte de la ville. Aiguillonné par ses alliés de gauche, le jeune parti a su godiller entre les origines révolutionnaires, tantôt sans culotte, tantôt bolchévique, et la rigueur institutionnelle.
Des écolabels de plus en plus discutables
Appréciés par les autres parlementaires, dès le début du troisième millénaire, les Verts genevois ont su convaincre et établir un étalon d’action grâce à l’implication de leurs militants et la qualité de leur représentant exécutif. Pragmatique, Robert Cramer œuvra sans relâche pour le terroir genevois et l’endiguement du trafic pendulaire et de transit dans des voies bien définies.
L’épiphénomène du bitume des Pâquis masque difficilement la dérive parfois sectaire qui les gagne. Le soutien à des minorités au fonctionnement fascisant comme l’interdiction de parole aux personnes non représentatives de minorités rend illisibles les positions militantes et décrédibilise la ligne politique des élues et élus en place. Pis, les Verts genevois ne sont plus en contestation avec le greenwashing ambiant et se suffisent d’écolabels de plus en plus discutables tout en soutenant les nouveaux modes de déplacement. La génération montante des années 2000 avait en horreur la mobilité électrique alors qu’aujourd’hui les vélos à batterie sont le cheval de Troie de la lutte contre la mobilité thermique.
La nouvelle génération de militants se divise et une aile semble vouloir aller plus loin. Son but n’est pas de tout effacer, de briser les codes, mais de marquer les esprits et prendre une part active dans l’éclat militant, quitte à user de subterfuges et malmener ses alliés institutionnels. Décrier le travail de quatre décennies est désormais une signature afin de marquer le manque d’entreprise étatique efficient pour la sauvegarde de son avenir.
Boris Calame ne s’est pas étendu sur ses motivations ni sur sa volonté de mener à terme son mandat de député. À titre personnel, j’applaudis des deux mains sa lucidité quand il dit faire place aux jeunes. Après tout, ce sont eux qui occuperont le terrain pendant les 30 prochaines années.
Néanmoins, il n’est pas faux d’affirmer que les mesures prises en 2020 ont allègrement 40 ans de retard. Vu l’urgence revendiquée en faveur du climat, une action environnementale qui ne prévoit pas le retraitement du CO2 produit depuis 200 ans n’est pas crédible et pour cause; si nous stoppions les émanations ce soir à minuit, plus de 90% du CO2 déjà émis serait encore présent dans 500 ans.
Sans virage à 180 degrés et sans régénération du cycle de l’eau, il est vain de réduire la consommation d’énergie fossile, sans compter que la lutte antinucléaire semble perdue pour les prochaines décennies. Vu l’augmentation des besoins énergétiques et l’immaturité des réacteurs à fusion, la messe semble dite concernant le non-renouvellement du parc nucléaire. Agir contre le mode de vie d’une partie de la population est une posture dogmatique et agressive eu égard aux libertés fondamentales de simples payeurs d’impôts.
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