La culture engrange une victoire homérique
L'initiative «Pour une politique culturelle cohérente» a récolté plus de 83% des voix.

«Incroyable», «énorme», «historique»: c'est avec des hurlements de joie et l'œil humide que les dix membres du comité d'initiative ont accueilli, dimanche à midi, le score mémorable récolté par leur texte. L'IN 167 «Pour une politique culturelle cohérente à Genève» a en effet été acceptée par 83,18% des citoyens du canton. Si la victoire ne faisait guère de doute, le résultat va bien au-delà des espérances de ceux qui mènent campagne depuis presque deux ans pour faire inscrire dans la Constitution une nouvelle gouvernance en matière de politique culturelle.
À la hauteur du plébiscite
«L'enjeu était clairement le score, réagit Christine Ferrier, membre du comité d'initiative. On espérait dépasser la barre des 60%. Mais aucun d'entre nous n'avait osé un pronostic si élevé.» Selon les initiants, il s'agit d'un signal très évident pour le gouvernement cantonal: ce dernier doit s'emparer du sujet avec une détermination et une ardeur à la hauteur du plébiscite. «Le fait qu'une initiative lancée par des citoyens, sans soutien syndical ni partisan, ait été si largement approuvée par le peuple constitue un vrai appui pour rebattre les cartes, renchérit sa comparse Aude Vermeil. Il faut que Canton, Ville et communes se concertent pour instaurer un réel cofinancement dans le domaine culturel.»
Le texte, qui complète désormais la teneur de l'article 216 de la Constitution genevoise relatif à l'art et la culture, fait du Canton le coordinateur d'une politique culturelle cohérente à Genève. Élaborée en collaboration avec la Ville et les communes, cette vision d'ensemble devra se fonder sur un cofinancement pertinent, tant de la création artistique que des institutions; les milieux culturels seront aussi régulièrement consultés.
Peu de voix s'étaient élevées contre l'IN 167. Seuls le MCG, l'UDC, l'UDF et le Parti évangélique s'y opposaient, essentiellement parce qu'ils ne voyaient pas l'intérêt d'une modification constitutionnelle. «Nous prenons acte de la décision populaire, déclare le député François Baertschi, secrétaire général du MCG. Nous sommes très attachés à l'indépendance de l'État et estimons que les affaires culturelles doivent se régler au niveau communal. Mais à notre sens, cette victoire ne changera rien sur le fond: le vrai problème réside dans un dysfonctionnement du dicastère voué à la culture au sein du Conseil administratif de la Ville, principal gestionnaire en la matière actuellement.»
La balle est maintenant dans le camp des instances cantonales. «Toute la question consistera à savoir comment interpréter ce texte et le mettre en œuvre dans la loi», indique Murat Alder, député PLR et président de la Commission de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport. L'élu précise que de l'avis de son parti, cofinancement ne signifie pas doublon, ni que les collectivités soient impérativement liées les unes aux autres pour fournir des subventions. «Et cela ne veut pas dire non plus que la loi sur la répartition des tâches en matière de culture (LRT-2) sera démantelée.»
Un Message culture attendu
Le ministre chargé de la culture, Thierry Apothéloz, s'est quant à lui réjoui de ce que le rôle d'un État fort en matière culturelle soit affirmé. «L'initiative va pouvoir se concrétiser rapidement grâce au dialogue culturel cantonal que je lance dès cet automne avec les communes genevoises», a-t-il détaillé.
Le magistrat a également annoncé que son Message culture sera mis en consultation à la fin du mois de mai pour deux mois, avant d'être définitivement soumis au Conseil d'État à la mi-septembre. Le texte vise à positionner Genève sur le sujet et orientera notamment une réflexion autour de la séparation entre diffusion et création, découpage induit par la LRT-2 qui avait causé une vive colère au sein des milieux culturels.
Autant dire que ceux-ci se remettront très vite au travail. Leur première mission consistera à étudier et commenter ce Message culture. Parallèlement, il leur faudra se rassembler largement et accorder leurs voix. «Nous devons nous unir et nous organiser pour accompagner la mise en œuvre de l'initiative, souligne Aude Vermeil. D'importants défis s'annoncent, certaines institutions comme la nouvelle Comédie, le Grand Théâtre ou le futur Centre culturel de Châtelaine à Vernier, pour ne citer qu'eux, ont de gros problèmes financiers. Nous comptons sur la sagesse et l'engagement des autorités en charge.»
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