Elle ronge son frein depuis 700 joursLa Course de l’Escalade n’attend plus que le feu vert
Les organisateurs font tout pour que la 43e édition ait bien lieu les 4 et 5 décembre prochain, en version allégée, Covid compatible. Mais c’est le Service du médecin cantonal qui aura le dernier mot.

L’addition est simple et lancinante, c’est Jerry Maspoli qui fait le calcul. «Voilà bientôt sept cents jours que l’Escalade n’est plus dans la course», se désole le président du comité d’organisation. Le propos est empreint de tristesse et de frustration, d’impatience aussi, mais sûrement pas de résignation. Les baskets ne sont pas faites pour rester planquées au fond d’une armoire, surtout pas à Genève lorsque l’hiver fait bouillir la Marmite.
En 2020, de guerre lasse, lui et son équipe avaient dû capituler. On ne lutte pas contre une pandémie comme on déblaie un amas de neige. À l’époque, l’annulation de la 43e édition tombait sous le sens, inéluctable. En 2021, même si le Covid ne s’est pas vraiment essoufflé, les circonstances sont différentes, grâce notamment à la diffusion du vaccin. Non, cette fois, l’épreuve chère aux Genevois – 46’602 inscrits en 2019 – n’entend pas rester sur le carreau.
«C’est décidé, on se lance, on veut la faire, affirme l’organisateur. L’avenir de la manifestation en dépend. Pour cela, on exigera le certificat Covid, on imposera un protocole sanitaire strict et on instaurera un numerus clausus, qui devrait réduire de moitié le nombre de concurrents.» La résolution est forte, prise après une longue valse-hésitation. «On a étudié la situation, mesuré les risques et adopté un plan de protection qui, selon nous, tient la route. Au comité, on est tous super motivés, on y croit. Autorités, partenaires et coureurs sont derrière nous», ajoute Jerry Maspoli, comme pour mieux lester ses arguments et ficeler son dossier.
Attente impatiente
Celui-ci est depuis deux semaines sur le bureau du Service du médecin cantonal. Il n’est pas le seul, on imagine la pile de demandes. Fouillé, le concept sanitaire élaboré par la Course de l’Escalade court sur plus de vingt pages. Il n’a pas été facile à rédiger. «Il faut remplir un formulaire, mais vu la taille de l’événement, l’Escalade ne rentre dans aucune case. J’aurais préféré pouvoir obtenir un entretien, m’expliquer, dialoguer. Aujourd’hui, on attend impatiemment une réponse. Franchement, je n’imagine pas un refus ou un préavis négatif. Seulement, si la décision ne tombe pas d’ici à la fin du mois de septembre, il faudra se résoudre à jeter l’éponge. L’Escalade ne s’organise pas à la sauvette…»

Si Jerry Maspoli houspille une «Genève à côté de la plaque, qui pinaille, qui veut tout contrôler», il espère qu’elle saura ne pas faire un croc-en-jambe à l’un de ses rendez-vous populaires les plus prisés. «On a tout fait pour être dans les clous, pour éviter l’effet de masse. Je peux vous assurer qu’il sera moins dangereux de participer à l’Escalade que de se promener un samedi dans les Rues-Basses», dit-il. Cette assurance s’appuie sur la conjonction de quatre mesures clés: l’étalement de la manifestation sur deux jours, l’extension du planning des courses, la diminution des pelotons et l’établissement d’un périmètre «Covid safe» aux Bastions.
«Malgré les circonstances, notre volonté est de préserver sa nature conviviale, l’esprit de la course.»
«Mais attention, ailleurs, on évolue sur le domaine public. On ne va pas mettre la Vieille-Ville sous cloche, indique Jerry Maspoli. Il y aura un chapiteau, certes plus petit, des animations, des orchestres itinérants. Exceptionnellement, la manifestation ne devrait accueillir que quelque 25’000 concurrents, mais ce ne sera pas une édition au rabais. Malgré les circonstances, notre volonté est de préserver sa nature conviviale, l’esprit de la course.»
Le message présidentiel oscille entre le présent et le conditionnel. Même si le Service du médecin cantonal accorde à l’Escalade un préavis positif, Jerry Maspoli est conscient que le virus continue de courir et qu’il est susceptible de contrecarrer ses plans à tout moment. «Oui, c’est vrai, mais on se devait d’essayer. En se lançant, on prend un risque financier calculé. Les prix souvenir ne sont pas périmés et l’affiche reste d’actualité. En reportant encore la course, on s’expose à pire. Plus on attend, plus on aura de mal à relancer la machine, à remobiliser les gens et les énergies. Au moins, on aura essayé.»
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