Droit à l'avortement aux USA (direct)Des manifestants à Saint-Louis déplorent la décision «choquante» de la Cour
La Cour suprême des États-Unis a révoqué vendredi le droit à l’avortement. Revivez les réactions à cette décision historique.
Ce liveticker sur la décision de la Cour suprême de révoquer le droit à l'avortement touche à sa fin, merci de l'avoir suivi.
Retrouvez notre article sur ce sujet: La Cour suprême américaine enterre le droit à l’avortement

Dans une vidéo publiée ce samedi sur YouTube, le correspondant de France 24 Matthieu Mabin commente la décision de la Cour suprême de révoquer le droit à l'avortement.
Pamela Lukehart ravale ses larmes devant le bâtiment de ce qui a été la dernière clinique d’avortement dans l’État du Missouri, se souvenant des temps antérieurs à l’arrêt historique de la Cour suprême sur le droit à l’avortement en 1973.
«Les femmes mourraient lors d’avortements à l’époque», affirme à l’AFP cette femme de 68 ans aux côtés d’autres manifestants. «Nous essayions de protéger les droits des femmes, les vies des femmes, et maintenant ils nous prennent tout ça», a-t-elle déploré.

Vendredi, la très conservatrice Cour suprême a enterré le droit à l’avortement, revenant sur son arrêt emblématique «Roe vs Wade» de 1973 et renvoyant aux États la possibilité, ou non, d’interdire les IVG.
Plusieurs États conservateurs ont activé, dans la journée, cette interdiction, dont le Missouri. Moins de deux heures après la décision de la Cour, le ministre de la Justice de l’État, Eric Schmitt, a tweeté une photo de lui activant l’interdiction et a estimé que le jour de cette décision était «monumental pour la sainteté de la vie».
Dès l’interdiction, la clinique Planning familial de Saint-Louis a dû cesser immédiatement toute procédure d’avortement.
«Aujourd’hui pour moi c’est tragique car nous nous sommes battus si fort pour faire passer cette loi en 1973», regrette Pamela Lukehart, accompagnée de sa petite fille Audrey à la manifestation devant la clinique. «Maintenant 50 ans plus tard, ils nous ont retiré ça. Ce n’est pas juste», souffle-t-elle.
Outre le Missouri, d’autres États ont imposé l’interdiction de l’avortement: Alabama, Arkansas, Kentucky, Louisiana, Oklahoma et Dakota du Sud. L’Indiana a également annoncé vouloir prendre des mesures pour faire la même chose. Dans le Wisconsin, des prestataires de service d’avortement ont indiqué que la procédure était interdite dans l’État.
Des centaines de manifestants sont descendus dans les rues de Saint-Louis à la suite de l’interdiction en reprenant les slogans «Mon corps, mon choix» et «l’avortement est un service de santé».
«Nous ne pouvons pas rester inertes lorsque nos droits sont enlevés», lançait un des manifestants dans son porte-voix.
À la clinique, Alec Ryan, 31 ans, souligne que la nouvelle interdiction aura des conséquences. «Donc il va y avoir des femmes et des gens enceintes qui sont pris au piège dans des mariages abusifs parce qu’ils ne peuvent pas se faire avorter», explique-t-il à l’AFP. «Ça va être une tragédie», redoute-t-il.
Linda Locke, du conseil d’administration de la clinique s’inquiète de l’impact de a décision sur les jeunes générations.
«J’ai des petites filles», dit-elle. «Et elles ont grandi en pensant que leur corps était sous leur contrôle. Et aujourd’hui, c’est choquant et décevant que la Cour leur dise ça : «non... nous ne vous faisons pas confiance pour prendre des décisions sur votre propre corps».
Devant la Cour suprême des États-Unis qui vient de revenir sur le droit à l’avortement, des jeunes femmes souriantes expriment vendredi leur joie en chantant sur une musique de fête, devant une machine crachant des bulles. «Nous avons gagné!», crie l’une d’elles.
Elle est applaudie par un groupe d’opposants à l’avortement, dont l’un brandit une pancarte représentant une pierre tombale sur laquelle sont gravées les dates 1973-2022. La durée de vie de ce droit pour les femmes américaines.
«Je suis sur un petit nuage, folle de joie, ravie que «Roe v. Wade» ait été aboli. C’est une nouvelle ère pour le féminisme», s’exclame Faith Montgomery, une étudiante de 18 ans, qui doit élever la voix pour couvrir le vacarme.
Quelques mètres plus loin, l’ambiance est à la colère et l’incrédulité. Des manifestants en faveur du droit à l’IVG jurent de résister à la décision de la Cour suprême, qui a révoqué vendredi son arrêt emblématique «Roe v. Wade», qui depuis 1973 garantissait le droit des Américaines à avorter.
«Les cintres (...) et tous ces trucs fous que les femmes ont cru qu’elles pouvaient utiliser pour se débarrasser d’une grossesse – maintenant, on va y revenir», regrette Amy Senkowicz, 63 ans.

Cette habitante de Floride en visite à Washington, qui raconte avoir avorté légalement à 16 ans quelques années à peine après le fameux arrêt de la Cour suprême, est horrifiée de voir ce droit retiré aux femmes. «C’est affreux», ajoute Amy, aujourd’hui mère de trois enfants.
Témoignant des divisions profondes que suscite la question de l’avortement aux États-Unis, ces manifestations spontanées et concurrentes évoluent en débats houleux, sans toutefois provoquer de violences.
L’esplanade devant le bâtiment de la Cour suprême, toute proche du Capitole, est protégée par une forte présence policière. Des officiers de police équipés de protections anti-émeutes entourent les élus du Congrès désireux de réagir publiquement à la décision des juges.
«Ce sera quoi la prochaine fois?»
La révocation de «Roe v. Wade» pourrait devenir un point de ralliement pour ceux favorables au droit à l’avortement, de la même façon que l’arrêt de 1973 en est devenu un pour les conservateurs.
Pour Anna Lulis, une militante de 24 ans du groupe anti-avortement Students for Life of America, il faut l’empêcher. Il faut «aller dans les Etats qui vont maintenant faire voter des lois radicales pro-avortement, pour y créer une culture de la vie», dit-elle.
La Cour suprême a dynamité le droit constitutionnel à l’avortement mais ne l’a pas interdit, et chaque Etat est désormais libre de faire son choix.
Anna Lulis note que l’usage des pilules abortives, qui représentent aujourd’hui la moitié des IVG aux États-Unis, risque d’augmenter, ajoutant que son groupe s’assurera «qu’il ne se passe rien d’illégal en coulisse». «Notre objectif est d’abolir complètement l’avortement», ajoute-t-elle.

À l’inverse, ceux qui défendent ce droit s’inquiètent de ce qui risque de se produire si la fragile majorité démocrate au Congrès ne survit aux élections de novembre. «Ca va être un long, long, long combat pour revenir où nous étions», prédit Amy Senkowicz.
D’autres dénoncent la politisation de la Cour suprême, désormais dominée par les conservateurs après les trois nominations de l’ex-président Donald Trump, qui se sont tous prononcés contre «Roe v. Wade». «Ils sont redevables à ceux qui les ont nommés, et ils sont leurs esclaves», dit Kim Boberg, 49 ans.
La Cour suprême «devrait se placer au dessus de la politique, mais elle ne le fait pas», regrette-t-elle, avant de s’inquiéter des prochaines décisions que la plus haute juridiction du pays pourrait prendre. «Ce sera quoi la prochaine fois? La pilule du lendemain? La contraception? Combien de droits va-t-on nous enlever?».
Washington compte poursuivre le soutien aux «droits de la santé reproductive» à travers le monde malgré l’arrêt historique de la Cour suprême révoquant ce droit aux États-Unis, a déclaré vendredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Le département d’État «va rester totalement déterminé à faciliter l’accès à des services de santé reproductive et à favoriser les droits de la santé reproductive à travers le monde», a dit le secrétaire d’Etat dans un communiqué.
L’annulation du droit à l’avortement décidée vendredi par la Cour suprême constitue «une triste journée pour les Etats-Unis», a déploré l’ancienne championne de tennis et militante Billie Jean King, un sentiment partagé par de nombreuses personnalités du sport américain.

«La Cour suprême a révoqué l’arrêt +Roe v. Wade+, qui protège depuis près de 50 ans le droit à l’avortement. Cette décision ne mettra pas fin à l’avortement. Ce à quoi elle mettra fin, c’est l’accès sûr et légal à cette procédure médicale vitale», a fustigé l’icône du mouvement pour l’égalité des sexes dans le sport et défenseure des droits des femmes.
En savourant leur victoire vendredi après la décision de la Cour suprême, les opposants à l’avortement ont promis de tout faire pour que chaque Etat américain interdisse la pratique.
Qualifiant la décision «de victoire historique pour les droits humains», les tenants du mouvement ont annoncé leur entrée dans une nouvelle phase, centrée sur le niveau local.
La Cour suprême ayant dynamité le droit constitutionnel à l’avortement, chaque Etat est désormais libre de faire son choix. Mais pour d’autres militants, le but ultime est de revenir devant la haute juridiction afin de faire garantir aux foetus les mêmes droits qu’une personne, ce qui reviendrait à faire de l’avortement un meurtre.
C’est un «tout nouveau mouvement pro-vie (nom que se donnent les militants anti-avortement, ndlr)" qui commence, a jugé Marjorie Dannenfelser, présidente du groupe Susan B. Anthony List. «Nous sommes prêts à passer à l’offensive pour défendre la vie dans chaque organe législatif, dans chaque législature d’Etat et à la Maison Blanche», a-t-elle dit.

Même écho du côté du groupe March for Life, qui a rappelé dans un communiqué que «bien qu’il s’agisse d’un grand pas dans la bonne direction, renverser Roe (v. Wade, arrêt qui garantissait ce droit, ndlr) ne met pas fin à l’avortement».
Elections
Une partie de ce travail a déjà été fait. Près de la moitié des Etats devraient interdire ou limiter de façon drastique l’accès à cette procédure – certaines lois sont mêmes entrées en vigueur presque immédiatement après la décision de la Cour.
Mais d’autres Etats, comme la Californie, prennent le chemin inverse, en promettant de protéger ce droit. Pour les militants favorables à l’accès à l’avortement comme pour leurs adversaires, la bataille change désormais d’échelle, pour se jouer dans les tribunaux ou lors des élections locales.
Le groupe March for Life a ainsi immédiatement envoyé un e-mail de levée de fonds pour stimuler les efforts locaux. «Dire que nous sommes ravis serait un euphémisme, mais notre travail ne s’arrête pas là», ont commenté ces militants. Ils ont souligné les efforts déployés par l’autre bord pour tenter d’obtenir une législation fédérale et des décrets de la Maison Blanche pour protéger l’accès à l’avortement.
Marjorie Dannenfelser a expliqué que son groupe se concentrait sur les élections de mi-mandat en novembre, lors desquelles les républicains espèrent reprendre le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat. «La décision d’aujourd’hui augmente l’enjeu» de ces scrutins, a-t-elle estimé.
Deux Amériques, l’une pour l’interruption de grossesse, l’autre contre, ont exprimé leur tristesse et leur joie après l’annonce de l’abrogation de «Roe vs Wade». Lire notre article.

La révocation du droit à l’avortement par la Cour suprême des Etats-Unis est un «signal dangereux» et menace aussi les droits des femmes «dans le reste du monde et même en France», ont estimé vendredi les associations françaises de défense du droit à l’IVG.
Dans une volte-face historique, la très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a enterré vendredi le droit à l’avortement et une poignée d’Etats en ont profité pour bannir immédiatement les interruptions volontaires de grossesse (IVG) sur leur sol.
Cette décision aura des conséquences «désastreuses pour les Américaines», mais envoie aussi «un signal dangereux qui conforte les partisans des mouvements anti-IVG» ailleurs dans le monde, a ainsi jugé le Haut Conseil à l’égalité (HCE) dans un communiqué.
«Ce droit fondamental demeure menacé par les courants réactionnaires, qui déploient un travail constant de lobby liberticide y compris au sein de l’Union européenne», poursuit le HCE. En Pologne, l’avortement est ainsi quasiment interdit, et en France, de nombreux «sites de désinformation (sur internet) frôlent le délit d’entrave», a-t-il déploré.
«Pour se prémunir de toute tentative d’entrave des droits des femmes», il est urgent «d’inscrire le droit à l’avortement dans notre Constitution française», ainsi que dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, a préconisé le Haut Conseil, instance consultative indépendante placée auprès du Premier ministre.

Vendredi en fin d’après-midi, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées place de la République à Paris pour défendre le droit à l’avortement. La manifestation, à l’appel de plusieurs organisations féministes et de gauche, avait été prévue avant l’annonce de la décision de la Cour suprême.
Les participants portaient des pancartes proclamant en anglais «Solidarité pour nos soeurs américaines», «oui, notre corps nous appartient», ou encore «USA: les armes ont plus de droits que nos vagins», a constaté une journaliste de l’AFP.
Le Planning familial a lui déploré sur Twitter «un effort mondial concerté et calculé par les extrémistes conservateurs». Pour la présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert, «des conservateurs en embuscade, on en voit aussi chez nous».
«Il suffirait qu’en France on ait un parlement avec une majorité conservatrice, et l’avortement pourrait être interdit», a dit à l’AFP cette militante féministe. Pour remédier à cette «fragilité», «il faut constitutionnaliser ce droit, nous le demandons depuis longtemps», a-t-elle ajouté.
Le président français Emmanuel Macron a regretté vendredi la «remise en cause» par la Cour suprême des États-Unis des libertés des femmes, soulignant que «l’avortement est un droit fondamental pour toutes les femmes».
«Il faut le protéger. J’exprime ma solidarité avec les femmes dont les libertés sont aujourd’hui remises en cause par la Cour suprême des États-Unis d’Amérique», a-t-il tweeté.
La Première ministre Elisabeth Borne a également déploré sur Twitter «un jour sombre pour les droits des femmes». «Solidarité totale avec toutes les femmes aux États-Unis et dans le monde. Nous ne lâcherons rien pour nos droits, jamais», a-t-elle poursuivi.
La très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a enterré vendredi un arrêt qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter mais n’avait jamais été accepté par la droite religieuse.
Dans la foulée de la décision, plusieurs Etats américains ont déjà annoncé prendre des mesures pour interdire les interruptions volontaires de grossesse sur leur territoire. En France, la décision a fait réagir de nombreux responsables politiques.
«Grand malheur», a tweeté le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. «Le pays de Trump légalise le port d’armes dans les rues et permet l’interdiction de l’avortement. Alerte: on connaît les canaux de contagion des USA en France», a-t-il mis en garde.
L’ex-candidat EELV à la présidentielle Yannick Jadot a déploré «une régression absolue pour les droits des femmes aux Etats-Unis» et «un signal terrible pour le reste du monde». «Les complaisances avec l’extrême droite ont toujours des conséquences dramatiques. Là-bas comme ici», a-t-il tweeté.
«Les conséquences des nominations de Trump, c’est ça le risque de l’extrême droite. Un grave recul pour les droits des femmes, une mise en danger de la vie des femmes. Rien n’est acquis: ne jamais rien lâcher pour le droit à l’IVG et à disposer librement de son corps, pour toutes», a tweeté le chef des députés socialistes, Boris Vallaud.
«Neuf juges ont donc décidé de la vie de milliers de femmes qui chaque année n’auront plus accès à un droit fondamental», a regretté la cheffe des députés LREM à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé.
Le patron des communistes Fabien Roussel a dénoncé «une catastrophe et une terrible régression pour les femmes qui ne seront plus libres de disposer de leur corps».
Le maire LR de Nice Christian Estrosi y voit «un terrible retour en arrière, une atteinte aux libertés et droits des Femmes» et «une insulte à la mémoire de ceux qui se sont battus pour ce droit, à l’image de Simone Veil en France».
Totalement interdit dans une minorité de pays, autorisé dans les autres avec plus ou moins de restrictions, l’accès à l’avortement demeure un droit très inégal et fragile dans le monde.
La Cour suprême des Etats-Unis a révoqué vendredi l’arrêt qui, depuis 1973, garantissait le droit des Américaines à avorter.
Cette décision ne rend pas les interruptions volontaires de grossesse (IVG) illégales, mais rend chaque Etat libre de les autoriser ou non.
Tour d’horizon du droit à l’avortement dans le monde:
Un accès très inégal
Ces 25 dernières années, plus de 50 pays ont modifié leur législation pour faciliter l’accès à l’avortement, en reconnaissant parfois son rôle essentiel pour la protection de la vie, de la santé et des droits fondamentaux des femmes, selon Amnesty International.
Néanmoins, l’IVG reste interdite dans près d’une vingtaine de pays, notamment en Afrique et en Amérique latine.

Le Salvador a adopté en 1998 une législation draconienne qui interdit l’interruption de grossesse en toutes circonstances, même en cas de danger pour la santé de la mère ou de l’enfant, et prévoit des peines pouvant aller jusqu’à huit ans de prison. Cependant, les poursuites sont généralement engagées pour «homicides aggravés», passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à cinquante ans de prison.
En Europe, l’interdiction totale est une exception : à Malte où en cas d’infraction la peine encourue va de 18 mois à trois ans de prison, ainsi que dans les deux micro-États d’Andorre et du Vatican.
Dans d’autres pays, l’avortement est soumis à des conditions extrêmement restrictives.
Ainsi, l’IVG est accessible uniquement en cas de danger pour la vie de la mère en Côte d’Ivoire, Libye, Ouganda, Soudan du Sud, Irak, Liban, Syrie, Afghanistan, Yémen, Bangladesh, Birmanie, Sri Lanka, Guatemala, Paraguay ou encore Venezuela.

Au Brésil, l’accès à l’IVG est également très limité, en cas de viol, risque pour la mère ou grave malformation du foetus.
Un droit parfois très récent
En Irlande, l’avortement n’est légal que depuis 2018, à la suite d’un référendum historique. Il a également été libéralisé en 2019 en Irlande du Nord, seule partie du Royaume-Uni où il était encore interdit, mais reste toujours difficile d’accès.
La Nouvelle-Zélande n’a dépénalisé l’avortement qu’en 2020. En Australie, la Nouvelle-Galles du Sud est devenue en septembre 2019 l’ultime État australien à dépénaliser l’IVG, en abolissant une loi vieille de 119 ans.
En Thaïlande, l’avortement a été décriminalisé en février 2021. Toujours en Asie, la plus haute juridiction en Corée du Sud a ordonné en 2019 la levée de l’interdiction de l’avortement.
Le Bénin est devenu, en octobre 2021, l’une des très rares nations en Afrique à autoriser l’IVG.
Sur le continent sud-américain, le droit à l’avortement poursuit son avancée. La Colombie a légalisé en février 2022 l’IVG, quel qu’en soit le motif, avant 24 semaines de grossesse. Dans la foulée, le Chili a décidé le 16 mars d’intégrer la dépénalisation de l’avortement dans le projet de nouvelle constitution.
Au Mexique, en septembre 2021, un arrêt historique de la Cour suprême a déclaré inconstitutionnelle l’interdiction de l’avortement.
Durcissement des restrictions
Le Honduras, qui interdit l’avortement y compris en cas de viol ou d’inceste, de malformation grave du foetus ou quand la vie ou la santé de la mère sont menacées, a approuvé en janvier 2021 une réforme constitutionnelle qui durcit encore la législation.
L’article 67 de la Constitution révisé stipule désormais que toute interruption de grossesse «par la mère ou par un tiers» est «interdite et illégale», mais surtout que cette clause «ne pourra être réformée que par une majorité des trois quarts des membres du parlement».
En Pologne, le Tribunal constitutionnel, soutenu par le gouvernement populiste de droite, a proscrit en octobre 2020 l’interruption volontaire de grossesse en cas de malformation grave du foetus. Celui-ci est seulement autorisé en cas de viol ou d’inceste, ou lorsque la vie de la mère est en danger.
L’annulation du droit à l’avortement décidée vendredi par la Cour suprême des Etats-Unis «est un coup terrible porté aux droits humains des femmes et à l’égalité des genres», a déclaré vendredi la Haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.
«L’accès à l’avortement sûr, légal et efficace est fermement enraciné dans le droit humain international et il est au coeur de l’autonomie des femmes et de leur capacité à faire leurs propres choix», écrit Michelle Bachelet dans un communiqué, regrettant une décision «qui est un recul majeur».
«Cette décision arrache cette autonomie à des millions de femmes aux Etats-Unis, en particulier celles qui ont de faibles revenus et celles qui appartiennent aux minorités raciales et ethniques, au détriment de leurs droits fondamentaux», a-t-elle souligné.

Plus de 50 pays qui étaient dotés de lois restrictives ont assoupli leur législation sur l’avortement ces 25 dernières années, a rappelé l’ancienne présidente du Chili. «La décision d’aujourd’hui éloigne les Etats-Unis de cette tendance progressiste», a-t-elle regretté.
La décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales mais renvoie les Etats-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique «Roe v. Wade» de 1973, quand chaque Etat était libre de les autoriser ou non.
Plusieurs Etats américains ont d’ailleurs annoncé prendre des mesures pour interdire les interruptions volontaires de grossesse sur leur territoire peu après l’annonce de la Cour.
Plusieurs Etats américains ont déjà annoncé prendre des mesures pour interdire les interruptions volontaires de grossesse sur leur territoire, dans la foulée de la décision vendredi de la Cour suprême qui a révoqué le droit à l’avortement.
Le procureur général du Missouri a annoncé vendredi que cet Etat conservateur du centre des Etats-Unis devenait le «premier» à interdire l’avortement.
«C’est un jour monumental pour le caractère sacré de la vie», a déclaré Eric Schmitt dans un tweet accompagné d’une image le montrant en train de ratifier le texte qui met fin «véritablement» à l’avortement dans le Missouri – Etat qui ne disposait plus que d’une clinique permettant une telle opération.
Dakota du Sud
La gouverneure républicaine du Dakota du Sud, Kristi Noem, a elle annoncé que l’avortement était désormais illégal dans cet Etat du nord des Etats-Unis, en vertu d’une loi dite «zombie» ou «gâchette» qui avait été rédigée à l’avance, pour entrer en vigueur automatiquement en cas de changement de jurisprudence à la Cour suprême.
«La loi gâchette du Dakota du Sud (...) spécifie qu’à partir d’aujourd’hui, tous les avortements sont illégaux dans le Dakota du Sud ‹à moins qu’un jugement médical raisonnable et approprié stipule qu’un avortement est nécessaire pour préserver la vie de la femme enceinte'", précise le communiqué.
La gouverneure républicaine a également annoncé dans un communiqué la tenue d’une session spéciale de la législature de l’Etat «plus tard dans l’année», «pour sauver des vies et aider les mères touchées par la décision» de la Cour suprême.
Indiana
Peu après, le gouverneur républicain de l’Indiana a annoncé convoquer la législature de cet autre Etat du nord des Etats-Unis pour prononcer au plus vite l’interdiction de l’avortement.
«La décision de la Cour suprême est claire, et il revient maintenant aux Etats de s’attaquer à cette question importante. Nous le ferons dans les meilleurs délais en Indiana», a déclaré sur Twitter le gouverneur Eric Holcomb, précisant avoir convoqué l’assemblée générale de l’Etat pour le 6 juillet.
«Nous avons l’opportunité de faire des progrès en protégeant le caractère sacré de la vie, et c’est exactement ce que nous allons faire», a également déclaré Eric Holcomb.
Alliance progressiste sur la côte Ouest
A l’inverse, les trois Etats progressistes de la côte Ouest des Etats-Unis ont annoncé vendredi qu’ils s’engageaient ensemble à défendre le droit à l’avortement.
«Les gouverneurs de Californie, de l’Oregon et de Washington ont publié aujourd’hui un engagement pour défendre l’accès aux soins de santé reproductive, y compris l’avortement et les contraceptifs, et se sont engagés à protéger patientes et médecins contre les tentatives d’autres Etats d’exporter leur interdiction de l’avortement vers nos Etats», selon un communiqué.
Le président des États-Unis Joe Biden a déclaré vendredi que la décision de la Cour suprême annulant le droit à avorter était une «erreur tragique» et le résultat d’une «idéologie extrémiste».
«La santé et la vie des femmes de ce pays sont maintenant en danger», a martelé le démocrate dans une allocution solennelle dans la foulée de l’arrêt historique, déplorant un «triste jour» pour l’Amérique, qui fait figure «d’exception» dans le monde.

Il a appelé à poursuivre le combat de manière «pacifique» et à défendre «dans les urnes» le droit à l’avortement et toutes les autres «libertés personnelles», à l’approche des législatives de mi-mandat qui s’annoncent difficiles pour son camp démocrate.
L’annulation du droit à l’avortement décidée vendredi par la Cour suprême des Etats-Unis répond à la «volonté de Dieu», a déclaré l’ancien président américain Donald Trump.
La décision «suit la Constitution», et «ramène tout au niveau des Etats, ce qui aurait toujours dû être le cas», a-t-il déclaré à la chaîne Fox News.
Interrogé sur son propre rôle, pour avoir nommé trois juges et fait ainsi franchement fait basculer la majorité de la haute juridiction dans le camp conservateur, le milliardaire républicain a répondu: «C’est la volonté de Dieu». Dans un communiqué, il s’est ensuite néanmoins attribué un rôle prépondérant.
«L’arrêt d’aujourd’hui, qui est la plus grande victoire pour la vie depuis une génération, avec d’autres décisions récentes, ont été rendues possibles seulement car j’ai tenu mes promesses, notamment en nommant et installant trois constitutionnalistes très respectés et solides à la Cour suprême des Etats-Unis», a-t-il affirmé. «C’était un grand honneur pour moi!»

L’ex-président a fait valoir qu’il n’avait «pas flanché face à la gauche démocrate radicale, ses partenaires des médias bidons», ou les républicains non-trumpistes.
«Ces victoires majeures démontrent que même si la gauche radicale fait tout son possible pour détruire notre pays, vos droits sont protégés, le pays est défendu», a dit celui qui flirte ouvertement avec la possibilité de briguer à nouveau la Maison-Blanche en 2024.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a jugé vendredi «horrible» l’arrêt de la Cour suprême de son voisin américain, qui a enterré le droit à l’avortement aux Etats-Unis dans une volte-face historique.
«Les nouvelles en provenance des Etats-Unis sont horribles. Je suis de tout coeur avec les millions d’Américaines qui vont perdre leur droit légal à l’avortement», a tweeté le dirigeant canadien, en ajoutant qu’ «aucun gouvernement, aucun politicien, ni aucun homme ne (devrait) dicter à une femme ce qu'elle peut faire ou ne pas faire avec son corps.»
Le procureur général du Missouri a annoncé vendredi que cet Etat conservateur du centre des États-Unis devenait le «premier» à interdire les interruptions volontaires de grossesse dans la foulée de la décision de la Cour suprême, qui a révoqué le droit à l’avortement.
«C’est un jour monumental pour le caractère sacré de la vie», a déclaré Eric Schmitt dans un tweet accompagné d’une image le montrant en train de ratifier le texte qui met fin «véritablement» à l’avortement dans le Missouri – Etat qui ne disposait plus que d’une clinique permettant une telle opération.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a déploré vendredi le «grand retour en arrière» que représente selon lui la décision de la Cour suprême américaine de revenir sur le droit à l’avortement.

Cette décision a un «impact majeur sur ce que pensent les gens», «je crois que c’est un grand retour en arrière», a déclaré le chef du gouvernement britannique au sommet du Commonwealth à Kigali au Rwanda, «j’ai toujours cru au droit des femmes de choisir».
L’ancien président américain Barack Obama a accusé la Cour suprême d’avoir «attaqué les libertés fondamentales de millions d’Américaines», après la décision vendredi de l’institution de révoquer le droit à l’avortement.
«Aujourd’hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de 50 ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit», a déclaré l’ancien président démocrate sur Twitter.
ATS/AFP/EAH/Arnaud Mittempergher
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