La chasse, nouvelle passion des femmes japonaises
Le gouvernement japonais recrute des chasseurs pour pallier la destruction des récoltes. La population féminine est sollicitée.
Loin, le temps des geishas. Les femmes japonaises sont de plus en plus nombreuses à braver les stéréotypes du genre. La nouvelle tendance? Devenir une «female hunter» (femme chasseur). Plus étonnant encore: l'initiative a été lancée par le gouvernement japonais pour pallier la destruction des récoltes de fruits et légumes.
Depuis une vingtaine d'années, la flore japonaise est menacée par l'explosion de la population des cerfs et des sangliers (on dénombre 3 millions de cerfs en 2017, contre 400 000 dans les années 90). Les dommages causés par ces derniers sont catastrophiques pour l'agriculture locale. Le Ministère de l'environnement japonais estime la perte de marchandise à près de 170 millions de francs par année. Particulièrement friandes de légumes, les bêtes viennent se nourrir directement dans les récoltes. «Certaines fermes sont complètement dévastées», témoigne à Reuters Manabu Ushiyachi, agriculteur dans la région centrale du Japon. «Construire des clôtures n'a pas suffi à stopper les dégâts, ajoute Kazuhiro Akiba, à la tête du bureau de gestion de la faune à Tokyo. La chasse est nécessaire pour maintenir un écosystème sain et réguler la biodiversité.»
Pour stopper les dégâts, les gouvernements locaux proposent de payer des cours et d'aider les femmes à passer leur licence de chasseur. Des tours sont organisés gratuitement pour permettre aux femmes de s'entraîner. Et elles sont de plus en plus nombreuses à répondre à l'appel: en 2014, elles étaient 3184 à détenir une licence de chasse. Cela ne plaît pas à tout le monde. «Je pense que la chasse est un mode de vie et une culture destinés seulement aux hommes, lance, sceptique Masato Hata, chasseur retraité, dans une interview accordée à Reuters. Spécialement la traque des ours, qui est une chose impossible pour une femme.»
Le gouvernement n'a cure des vieilles traditions et exhorte les femmes à se former, par le biais des réseaux sociaux. Pour l'Etat, la population féminine apporte du sang neuf à la profession: au Japon, le nombre de chasseurs a chuté de moitié depuis les années 70 et 65% sont des hommes de plus de 60 ans. La plupart des femmes ont entre 20 et 30 ans, et exercent d'autres professions à côté de cette activité. C'est le cas de Fujiko Nagata, restauratrice dans la province du Fukui, au centre de l'île de Honshu (île principale du Japon). La viande qu'elle chasse sert à la fabrication de saucisses servies dans son restaurant. La jeune femme ne jette rien. «Avec la peau, je confectionne des pochettes en cuir de cerf que je vends par la suite, explique-t-elle à Reuters. Et la viande est délicieuse.»
Pour ces femmes, la chasse est à la fois une philosophie de vie et une manière de se nourrir en respectant la nature, loin des industries, comme il est expliqué sur le site Internet The Women In Nature (Les femmes dans la nature), qui regroupe les passionnées de ce hobby. «Nous respectons les animaux que nous chassons. Il est important de voir d'où provient notre alimentation et de consommer local, explique un membre du groupe. C'est aussi un moyen de se rappeler notre place en tant qu'humains et face aux ressources que la terre nous offre.» Sur le sol helvétique, elles sont 1500 femmes actives dans le domaine, selon l'association Chasse Suisse.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.