Encre bleueLa cane des Pâquis

Je ne connais rien à la vie des dames canards. La seule chose que je sache d’elles me vient de la chanson de Brassens «La cane de Jeanne». Celle qui «avait fait la veille/merveille, un œuf». Comme si la chose était exceptionnelle. Puis elle était morte d’avoir fait, «du moins on le présume, un rhume mauvais».
J’en avais conclu hâtivement que les canes n’étaient pas du genre à pondre à la chaîne. Et qu’elles étaient aussi de nature fragile. Erreur! Il faut parfois se méfier des chansons.
J’en ai eu la preuve hier matin avant de franchir le pont du Goléron: une femelle colvert barbotait dans l’eau fraîche avec très exactement quatorze canetons tout autour d’elle!
Il m’a fallu les compter à plusieurs reprises pour m’assurer de ce chiffre faramineux tant ces petits bougillons tournicotaient dans le courant de l’eau et sur les pierres alentour. Mais oui, quatorze! Soit autant d’œufs pondus. Brassens avait donc tout faux…
À moins que ces canetons ne viennent de couvées différentes et que la cane des Pâquis ne fasse maman de jour, surveillant les petits des autres mères, le temps qu’elles se reposent. Faut dire qu’elles doivent tout assurer: il n’y a jamais l’ombre d’un mâle colvert à proximité pour s’occuper des petits…
Et comment protéger seule quatorze petites boules de plumes des brochets et autres prédateurs qui les goberont en un clin d’œil? Bientôt, il n’en restera plus guère. Pauvre cane. Bon, ce n’est pas le moment de faire dans le sentimentalisme, il y a pire dans le monde. Mais tout de même, c’est mignon, les canetons. Quand on les voit…
Ceux qui sont nés sous bâche au Jardin botanique, à l’abri des regards, devraient être à l’air libre cette semaine, après des mois de confinement dû à la grippe aviaire. Reste à espérer que cette libération des oiseaux, tant attendue, ne se transforme pas en poisson d’avril!
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.