
Carouge, 28 mars
Personne ne nie que le nœud ferroviaire de Genève a atteint les limites de sa capacité. Cornavin ne peut accueillir le développement attendu du trafic en provenance de Saint-Gall et celui des lignes locales et régionales. Un premier projet portant sur la création de quatre voies supplémentaires à prendre sur le quartier des Grottes fut rejeté en votation populaire. Les CFF et l’Office fédéral des transports choisirent alors une solution en sous-sol en deux étapes à réaliser en douze ans. Deux chantiers successifs qui vont perturber durablement le centre-ville et en modifier profondément l’urbanisme pour un coût de quelque 5 milliards de francs. Plus récemment – par crainte des oppositions face à la durée et aux nuisances des travaux? – les autorités responsables ont renoncé à ce fractionnement.
Parallèlement, Rodolphe Weibel, un ingénieur à la retraite et passionné des réseaux, élabore une solution plus rapidement réalisable et surtout bien moins chère. Il s’agirait de poursuivre la ligne ferroviaire au-delà de la gare de Cointrin qui rejoindrait le tracé existant Genève-Lausanne à la hauteur de Genthod-Bellevue. Cette boucle permettrait à un train sur deux d’atteindre directement Cointrin et de repartir par Cornavin et à l’autre de traverser Cornavin pour rejoindre l’aéroport pour poursuivre directement vers Lausanne. Cette variante coûterait un milliard seulement, épargnerait un long et gigantesque chantier au centre-ville et pourrait être opérationnelle beaucoup plus rapidement.
Pourtant le projet Weibel n’a suscité que des critiques de la part des autorités. Des critiques qui se limitent à des affirmations ne reposant sur aucune évaluation. C’est là que réside le scandale: ni les CFF, ni l’Office fédéral des transports, ni Genève n’acceptent de procéder à une comparaison sérieuse, quand bien même des milliards et des inconvénients majeurs pour les habitants sont en jeu. En 2020, le Grand Conseil refuse un crédit d’étude de 1,8 million, après un débat qui révèle l’incompétence de la plupart des députés, tous partis confondus, sur ce dossier.
Ce désintérêt se traduit par le silence assourdissant sur ce sujet au cours de la campagne électorale. Alors que quelques questions auraient mérité d’être posées. Les administrations impliquées sont-elles infaillibles? On peut en douter en voyant le fiasco de la rénovation de la gare de Lausanne. Les CFF sont-ils plus intéressés par l’extension des surfaces commerciales de Cornavin que par une solution rapide et économique? Le canton voit-il là une aubaine pour soutenir les entreprises de travaux publics? Les nouveaux édiles vont-ils se réveiller? L’énormité de l’enjeu l’exigerait.
Jean-Daniel Delley
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Lettre du jour – La campagne électorale a oublié Cornavin