La 79e Coupe de Noël restera dans les annales. Un grand cru!
La plus ancienne manifestation sportive genevoise a battu tous ses records. Elle n'avait jamais été aussi rapide et populaire.
D'accord, la Coupe de Noël n'a pas inventé l'eau froide. Mais elle aurait pu car de tous les liquides, c'est elle qu'elle préfère. Bien frappée. En lotion, presque en onction. On touche ici au rituel. Un rituel païen et pas piqué des vers. Les hurluberlus qui sortent de la glacière du Jardin anglais appartiennent à une tribu. De bleu, de bleu. Les Schtroumpfs qui débarquent là sont même des précurseurs. C'est à eux, les piliers des Bains des Pâquis, que l'on doit le sobriquet qui affuble cette drôle de clique. «Les premiers givrés, c'est nous! On a créé le label mais on ne l'a pas protégé. Il appartient à tout le monde…» s'exclame une naïade aux faux cils mais au vrai style de vie.
Cent vingt mètres plus loin, sur le ponton de départ, d'autres intrépides piaffent et s'aspergent en chœur. La Coupe de Noël, c'est une trempette frigorifique et conviviale entre deux cris du cœur. Le premier, qui libère. Le second, qui délivre. L'eau frise les 6°. Sandrine Salerno frissonne, frileuse et admirative. «Cette épreuve m'impressionne. Elle a un côté identitaire, elle symbolise bien Genève et son rapport à l'eau et au lac», dit-elle. La conseillère administrative est juste là pour donner un départ! Se jettera-t-elle à l'eau l'an prochain à l'occasion de la 80e édition? Elle répond par une pirouette. «J'ai commencé à me préparer en réduisant à 35° la température de ma douche…»
Un cuistot en fête
Attention, le mercure est trompeur: il y a le feu au lac et c'est le public, accoudé au bastingage, qui a froid. Show devant! Le lac ressemble alors à un marigot infesté d'alligators et d'hippopotames, à une plage d'Alerte à Malibu peuplée de Pamela Anderson à barbe, à un repère de flibustiers rasta qui ont fumé la moquette. La verte, celle qui mène au jacuzzi géant… Philippe Chevrier, le maître queux de Châteauvieux, aime ce bain de foule déjanté et populaire, ce «coup de fouet qui donne la pêche pour toute la journée». Rien de tel pour fêter ses 57 ans après avoir eu le privilège d'allumer le Jet d'eau. «L'ambiance est très chaleureuse, comparable à celle d'un marathon, sauf qu'après la course, on n'est pas sur les rotules…» dit-il.
Autre habitué de la Coupe, le Père Noël n'a pas échappé à la règle: il a terminé sa croisière au jus avant d'être repêché par des chiens Terre-Neuve. Il s'appelle Nicolas Tcheng et c'est le nouveau directeur de l'école de natation du GN, le club organisateur. En fait, c'est la scène classique d'un bizutage. «Le dernier employé engagé s'y colle», sourit l'ancien triathlète. Plus tard, toujours incognito, il a refait une traversée sans combinaison et sans houppelande!
Courant de sympathie
Dans cette tribu qui s'amuse, on a même vu des nageurs qui déménagent! D'abord Yanouk Tyriseva, un ancien espoir de Lancy, déjà vainqueur en 2015. Etudiant en sciences de l'éducation le jour, DJ le soir et veilleur de nuit dans un établissement hospitalier, il a profité d'un courant favorable pour pulvériser en 1' 01”59 le record du parcours détenu jusque-là par Julien Baillod en 1' 05”7.
Puis Joana Rainoldi, une ancienne vice-championne suisse, retirée des piscines et aujourd'hui convertie au cross fit. Sans aucune préparation hivernale, la décoratrice d'intérieure a elle aussi effacé le record de Mélanie Soldati (1'16) en couvrant les 120 mètres en 1' 14”72. «Je suis restée compétitrice dans l'âme», a-t-elle grelotté de joie.
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