Affaire CahuzacL'ex-cadre de Reyl nie avoir livré des noms aux juges
Pierre Condamin-Gerbier, ex-cadre de l'établissement financier suisse Reyl et Cie, a déclaré qu'il n'avait pas donné aux juges les noms d'éventuels autres détenteurs de comptes non déclarés en Suisse.

Il a aussi assuré qu'il ne «connaissait rien sur le dossier spécifique de M. Cahuzac».«Je connais les noms de mes propres clients et, étant ancien associé, indirectement les noms d'autres personnes qui étaient suivies par d'autres gestionnaires que moi», a-t-il expliqué.
«Mais je n'ai jamais et ne donnerai jamais les noms de ces personnes. Je n'ai aucune volonté d'entrer dans ce genre d'exercice», a-t-il ajouté. «Et je n'ai aucune volonté de donner des noms quels qu'ils soient aux autorités sauf si la justice suisse m'y contraignait, ce qui n'est pas le cas», a-t-il poursuivi.
Les juges chargés de l'enquête sur Jérôme Cahuzac ont entendu le 18 avril Pierre Condamin-Gerbier, un Français associé-gérant chez Reyl et Cie jusqu'en 2010, a-t-on appris vendredi de source judiciaire, confirmant une information du Monde. Ils ont sollicité du parquet une extension de leurs investigations à d'éventuels autres détenteurs de comptes non déclarés en Suisse après l'audition de cet ancien cadre de Reyl et Cie, établissement dont l'ex-ministre fut client, a-t-on appris de même source.
«J'ai volontairement, à leur demande, quand même aidé la justice française, notamment parce que je considérais que nous étions dans un dossier où il y avait une hypocrisie complète lorsque ces dossiers portaient sur la classe politique française», a indiqué M. Condamin-Gerbier.
«Mais en l'espèce, je ne connaissais rien sur le dossier spécifique de M. Cahuzac sur lequel je ne vais pas inventer des choses», a-t-il ajouté. Pour lui, «bon nombre d'(hommes) politiques» utilisent des places financières comme la Suisse pour eux-mêmes ou leur parti, «c'est un secret de polichinelle», alors même que ceux-ci ne cessent d'afficher auprès des Français leur volonté de lutter contre la fraude fiscale, a-t-il accusé.
«Il y a des hommes et des femmes qui se posent en donneurs de leçons d'un côté de la frontière et sont acteurs du système qu'ils dénoncent de l'autre», a estimé le banquier.
Pierre Condamin-Gerbier a travaillé de 2006 à 2010 chez Reyl et Cie. Jérôme Cahuzac a déclaré avoir ouvert son compte en 1992 chez UBS avant de confier la gestion de ses fonds à Reyl, groupe de gestion de fortune ayant obtenu le statut de banque en 2010. M. Cahuzac a dit avoir transféré ses avoirs chez Reyl de la Suisse vers Singapour à l'automne 2009. Pierre Condamin-Gerbier a déploré que l'instruction, «normalement protégée par le secret en France», ait filtré dans la presse, affirmant que les informations publiées contenaient de nombreuses erreurs.
Une erreur du Monde?
«C'est une erreur du Monded'affirmer que j'attendais une confirmation des autorités suisses selon lesquelles il n'y aurait pas de poursuites à mon encontre», a-t-il affirmé. Pierre Condamin-Gerbier a précisé qu'il n'avait pas exigé de telles garanties, insistant sur le fait qu'il n'avait jamais eu l'intention de contrevenir à son devoir de discrétion. Il a souligné qu'il était d'ailleurs «fort peu probable» que la Suisse accède à ce type de demande.
Il a également fustigé le portrait fait de lui, y voyant une tentative pour le décrédibiliser.«Dans l'article du Monde, il est écrit que Reyl aurait appris que j'avais des dettes et que j'avais eu un problème avec un précédent employeur. Tout cela relève du tissu de mensonges ou de la déformation d'informations qui sont complètement amplifiées et déformées», s'est-il défendu.
«Ce sont des éléments qui ont certainement été communiqués par Reyl et Cie ou par des gens pilotés par Reyl et Cie. Et je ne vois pas, au-delà du fait qu'il y a un manque de véracité très clair, ce que cela vient faire là», a-t-il estimé.«Cela n'a aucun intérêt dans le cadre du fond des faits qui sont reprochés aujourd'hui à Reyl et Cie», a affirmé Pierre Condamin-Gerbier, soulignant qu'il n'avait «rien à se reprocher».
Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire instruisent une information judiciaire ouverte notamment pour «blanchiment de fraude fiscale» et visant la détention par Jérôme Cahuzac d'argent non déclaré à l'étranger. M. Cahuzac indique qu'il avait environ 600.000 euros sur son compte non déclaré.
AFP
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