INTERNATIONALL'attentat le plus monstrueux de l'histoire
Deux avions détournés frappent de plein fouet le World Trade Center au coeur de New York. Les deux tours s'effondrent. A Washington, un autre appareil percute le Pentagone. Un quatrième avion de ligne s'écrase à Pittsburgh en Pennsylvanie. Washington soupçonne Oussama Ben Laden.

Le soleil brille sur New York ce matin-là. Au sud de l'île de Manhattan, le 11 septembre ressemble à un jour comme les autres. Le boulot a commencé dans le quartier des affaires, ici où le coeur du business de la planète bat. Les retardataires se pressent, 9 h n'est pas loin. Dans les deux tours de verre et d'acier du World Trade Center, tout le monde est à son poste. Quelque 50 000 personnes travaillent pour 350 compagnies dans les 110 étages deux gratte-ciel hauts de 415 et 417 mètres. Dehors, le soleil continue de briller.
8 h 56 (heure locale)
Le big bang. Un avion percute de plein fouet les étages supérieures de l'une des tours du World Trade Center. «L'appareil a été complètement absorbé par le bâtiment», déclare un témoin. Un crash que l'on croyait impossible. Une chance sur un million, avançaient les assureurs, qu'il soit possible qu'un appareil puisse heurter un des buildings de Manhattan. Non seulement c'était tragiquement possible, mais voilà qu'un deuxième avion va, dix-huit minutes plus tard, s'écraser contre la seconde tour du World Center. Le drame est retransmis en direct par les caméras des télévisions qui filmaient la première tour en flammes. La chaîne CNBC annonce le crash et avance le chiffre de six morts et de mille blessés.Un responsable de la sécurité estime qu'il «ne s'agit pas d'un accident».
Tout de suite, un haut fonctionnaire de l'administration fédérale annonce l'hypothèse «d'un acte de terrorisme». Depuis Sarasota, le président Bush, en déplacement en Floride, parle «d'attentat apparemment terroriste contre notre pays (...) J'ai donné l'ordre pour que toutes les ressources du Gouvernement fédéral soient mobilisées pour aider les victimes et leurs familles. J'ai donné aussi des instructions pour que soit lancée une enquête afin de pourchasser et trouver les gens qui ont perpétré ces actes.»

Autour du World Trade Center éventré, des scènes de panique se produisent. Des débris continuent de tomber sur l'immense place qui entoure les deux immeubles. Des milliers et des milliers de personnes ont quitté leur bureau, courent pour fuir les deux tours. Selon la chaîne CNN, un deux appareils serait un Boeing 767 de la compagnie American Airlines et aurait décollé de Boston. «J'ai vu les deux tours en feu, déclare à l'agence AFP une Française habitant en face du World Trade Center. Une pluie de métal tombe tout autour.»
9 h 50
A Washington, le Gouvernement fédéral annonce que le Pentagone (ministère de la Défense) est évacué. Tous les ponts et tunnels reliant Big Apple à Manhattan sont également fermés. Les aéroports de New York annoncent leur fermeture. Selon plusieurs télévisions, la Maison-Blanche serait également évacuée. A 9 h 53, deux explosions ébranlent le Pentagone. De la fumée est visible. On parle de sept blessés. «C'est une bombe. Tout le monde va sortir», déclare un porte-parole.

10 h
Les autorités de la FAA (aviation civile) ordonnent l'annulation de tous les vols commerciaux aux Etats-Unis. Cinq minutes plus tard et après une explosion, l'une des tours du World Trade Center s'effondre dans un nuage de poussière. A 10 h 28, la seconde tour tombe à son tour comme un château de cartes pour répandre nuages de fumée et tonnes de débris dans les rues environnantes. Des témoins affirment avoir vu des gens sauter par les fenêtres, au moment où le bâtiment se désintégrait.
10 h 38
A Washington, une voiture piégée explose au Département d'Etat (ministère des Affaires étrangères). Les networks retransmettent une déclaration d'Israël qui se dit «prêt à apporter son aide aux Etats-Unis (...) compte tenu de son amère expérience du terrorisme. Colin Powell, secrétaire d'Etat à la Défense, annonce qu'il quitte immédiatement le Pérou. Wall Street attend vainement l'ouverture de la Bourse de New York qui ne va pas tarder à annoncer sa fermeture.Confirmation par la FAA de l'annulation de tous les vols commerciaux. Aucun avion civil ne peut plus désormais décoller. Les appareils en vol peuvent continuer leur route, mais les pilotes peuvent décider de les poser avant destination. Un responsable du FBI annonce qu'un «avion détourné» se dirigerait vers le Pentagone. De nombreuses informations erronées vont dès lors être reprises par les médias. Des bouchons bloquent le centre de Washington.
«Nous avons été agressés comme à Pearl Harbor.»
11 h 17
Le maire de Big Apple, Rudolph Giuliani demande aux habitants de quitter le sud de l'ìle de Manhattan. Pris de panique, les passants se dirigent vers le nord. Pour maintenir le flot et seconder les secours, la garde nationale est appelée en renfort. Tandis que New York tente de contenir sa population, un autre drame est enregistré à l'Ouest de la Pennsylvanie. Un Boeing 757, assurant la liaison Newark-San Francisco s'écrase à quelque 130 kilomètres de Pittsburgh. Un autre avion de la même compagnie (United Airlines) s'est également écrasé en un lieu encore non précisé. Un responsable des services de secours déclare avoir reçu un appel téléphonique émanant d'un passager, et signalant que l'appareil était détourné.
12 h 00
Les gares sont à leur tour pris dans l'engrenage et le trafic ferroviaire est suspendu dans tout le Nord-Est des Etats-Unis, entre Washington et Boston. Quelques minutes plus tard, après New York, Pittsburgh, voici qu'un quatrième avion percute de plein fouet le Pentagone, le Ministère de la défense à Washington. «J'ai vu un gros avion d'American Airlines arriver rapidement et à basse altitude», rapporte un témoin. «J'ai réalisé ce qui se passait juste avant que l'avion ne percute le bâtiment.» Le même témoin précise qu'il a entendu crier sur le lieu du drame.
Une des ailes du Pentagone s'effondre partiellement. Il s'agit de l'aile située à l'opposé de celle où se trouvent les bureaux du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Les derniers des 20 000 employés qui travaillent habituellement au Pentagone sont évacués. Impossible de tirer un bilan de ce quatrième crash. Le porte-parole du Pentagone fait toutefois état de morts et d'un nombre de blessés «considérable». Il précise toutefois que les dirigeants du Département de la défense sont indemnes.
Après Manhattan, le coeur de la capitale fédérale est ainsi touché. A quelques kilomètres du Pentagone, au centre de Washington, des explosions suspectes retentissent à proximité du Département d'Etat (le Ministère des affaires étrangères), ainsi que du Capitole, siège du Sénat et de la Chambre des représentants. Tous les bâtiments officiels et stratégiques, y compris le Congrès et la Maison-Blanche, sont évacués, soit au total 250 000 personnes environ.
12 h 30
La compagnie américaine United Airlines fait savoir de Paris qu'elle a perdu un second avion, un Boeing 767. Une heure plus tard, le président Bush qui a quitté la Floride déclare que les forces armées américaines sont en «état d'alerte maximale». Il promet de «pourchasser et de punir» les responsables de ce qu'il nomme «des attentats terroristes».
13 h 50
Le maire de Washington, Anthony Williams, décrète l'état d'urgence dans la capitale fédérale pour une période indéterminée. Quelques minutes plus tard, la Commission des opérations en Bourse américaine annonce que tous les marchés boursiers resteront fermés pour l'après-midi. Sur les chaînes de télévision, les images, news et analyses se succèdent. Mais aucun bilan sur le nombre de victimes et l'étendue des dégâts matériels n'est établi. D'après les dommages enregistrés, on estime néanmoins que ce bilan sera très lourd.
Certaines sources parlent de centaines, voire de milliers de morts. A New York, le maire Giuliani déclare que quelque «600 personnes blessées dans les attentats contre le WTC ont été évacuées vers les hôpitaux du secteur, dont 150 dans un état grave (...) Plusieurs semaines pourraient être nécessaires aux équipes de secours pour creuser les décombres et rechercher les victimes.»
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