CritiqueKraftwerk à l’Arena, un culte sans relief
Annoncé comme «dantesque», le show du groupe allemand mercredi 11 mai à Genève pour le festival Antigel manquait sérieusement d’attrait.

Ennuyeux et dépassé. Des mots qui s’imposent au terme du concert de Kraftwerk à l’Arena mercredi 11 mai. Ceci en totale dissonance avec la promesse du festival Antigel, qui annonçait un show «dantesque» pour cet événement reporté plusieurs fois en raison du Covid – 89 francs l’entrée tout de même, tarif unique.
Point de vision sublime ce soir-là. Mais un assemblage de visuels disparates. Tantôt géométriques – iconographie industrielle, objets technologiques censément cultes, de loin la meilleure partie, pour accompagner «The Man-Machine», dans une moindre mesure «Radioactivity». Tantôt films d’archive, noir et blanc de rigueur pour évoquer les petits vélos de «Tour de France» ou les froufrous rétros de «The Model».
Anachronique depuis dix ans
Ou, pire, de l’animation en image de synthèse aussi vieille que le groupe allemand, ainsi pour «Autobahn», tube d’un répertoire resté croché dans le passé. Pionnier de l’électronique il y a cinquante ans, Kraftwerk n’est aujourd’hui guère plus excitant qu’une pièce de musée dont seule la notice rappellerait le rôle tenu jadis.

Le génie créatif peut-il raviver une idée ancienne? Kraftwerk y échoue. Initié en 2012, le show en «3D» – qui n’a de trois dimensions que de rares détails sans grand intérêt – paraissait déjà anachronique il y a dix ans.
Confit dans sa propre légende
Des nombreuses références à disposition, musicales également (Kraftwerk, précurseur de la techno, de la house), on attendait un commentaire malin sur notre contemporanéité. Las, «Boing Boom Tschak», titre de 1986 perçu en son temps comme une paraphrase ironique sur les héritiers de Kraftwerk, est d’une platitude assommante. Et l’effet Doppler de «Trans Europa Express» ne fait plus guère d’effet.
On ne saurait blâmer la sono de l’Arena. Mais la lourdeur du spectacle soulignait encore le décalage de Kraftwerk avec les productions actuelles. Si bien qu’à la fin, on se disait encore que les parties chantées, souvent approximatives, pourraient contribuer à humaniser une performance confite dans sa propre légende.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.