Cinéma«Jungle rouge», une curieuse odyssée en animation mixte
Rencontre avec les deux Genevois auteurs de ce long métrage, Zoltan Horvath et Juan José Lozano.

Pas sûr qu’on ait déjà vu un film qui ressemble à «Jungle rouge». C’est-à-dire un long métrage réalisé en animation mixte, avec des comédiens filmés sur fond vert, puis un décor, en l’occurrence une jungle, rajoutée ensuite, et le tout retravaillé dans le but de créer une esthétique ni réaliste ni animée, mais quelque part entre les deux. Né sous l’impulsion de deux cinéastes de Genève, Zoltan Hovarth et Juan José Lozano, «Jungle rouge» étonne et déroute.
«Nous n’avons jamais imaginé un film naturaliste ni de la pure animation, précise Zoltan Horvath. C’est de la pixillation, et on ne voulait surtout pas que l’animation vidéo soit cachée. On a recréé le mouvement, le rythme, sur les images tournées, de manière à ce qu’on obtienne une impression de réel. Il s’agissait aussi de trouver cette patte hybride qui collait parfaitement à ce qu’on voulait raconter, soit une histoire perdue dans une sorte de réalité parallèle.»
Dans l’univers des FARC
Car ce que raconte «Jungle rouge», c’est aussi un combat politique et une plongée dans l’univers des FARC, ou Forces armées révolutionnaires de Colombie, guérilla communiste parmi les plus anciennes du monde. Dans la jungle, un bombardement tue l’un de leurs chefs. Mais sa correspondance avec la plupart des acteurs du conflit est un témoignage de première main à l’origine du script.
«Je pense que chacun a fait la moitié du travail, abonde Juan José Lozano. J’ai coécrit le scénario. Je me suis occupé de la mise en scène, du casting, des comédiens. Puis pour la postproduction, Zoltan a travaillé durant dix mois. Le tournage s’est fait en espagnol et en français. Nous avions d’ailleurs fait des essais avant. Tout ensemble, «Jungle rouge» nous a pris entre 8 et 9 années de nos vies.»
En salles
«Jungle rouge» a ainsi été tourné dans un grand studio, dans la zone industrielle de Meyrin. Tout cela à la fin de l’année 2019, avec une équipe technique conséquente composée d’une vingtaine de personnes. «Cela fait à présent vingt ans que je suis à Genève, continue Juan José Lozano. Avant, j’ai fait une école de cinéma en Colombie. Et depuis, je tourne régulièrement pour la RTS, des «Temps présent» notamment.»
«Moi, je viens de l’animation et du dessin de presse, confie Zoltan, lequel avait d’ailleurs travaillé quatre ou cinq ans à la Tribune de Genève. Pour ce qui est du tournage, nous sommes vraiment passés entre les gouttes avant que le confinement ne complique tout. Pour cela, nous avons eu de la chance.» Côté casting, on découvre également au milieu des comédiens une Isabelle Gattiker (ex-directrice du FIFDH, aujourd’hui directrice générale de l’Office cantonal de la culture et des sports) inattendue à cette place-là.
«Elle n’est pas actrice, mais nous lui avons demandé de jouer en somme son propre rôle. Elle a d’ailleurs vécu en Colombie.» Dévoilé au FIFDH, puis à Annecy et dans d’autres festivals, «Jungle rouge» est sorti il y a deux mois à Paris. Il est à l’affiche à Genève et Lausanne.
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