Le cas Julian Assange divise. Dès 2010, le hacker et lanceur d’alerte assure que l’enquête menée à son encontre pour viol est un paravent qui vise à l’extrader vers les États-Unis, où le gouvernement américain entend le juger. À l’inverse, beaucoup voient en lui un homme qui a profité de sa célébrité pour échapper à la justice.
Dix ans plus tard, la justice suédoise a clôturé le dossier, faute de «preuves solides», et sans jamais l’avoir inculpé. En revanche, l’Australien de 49 ans est bien menacé d’être extradé depuis Londres vers les États-Unis, où il risque une peine de 175 années de prison.
«L’affaire Julian Assange concerne bien plus que ce lanceur d’alerte, il concerne le respect de l’État de droit.»
Si la première étape de ce procès a tourné à l’avantage de Julian Assange, les organisations de défense de la liberté d’information, telles que Reporters sans frontières et Amnesty International, sont inquiètes. La juge a refusé son extradition pour des motifs de santé mentale. En revanche, elle considère que les motivations américaines ne sont pas politiques. Et elle accuse le lanceur d’alerte de ne pas avoir respecté la loi américaine, en poussant sa source, l’ancien militaire Chelsea Manning, à pirater le système informatique du gouvernement des États-Unis.
Les procureurs américains, eux, indiquent vouloir condamner le visage de WikiLeaks pour sa publication de documents confidentiels. S’ils y parviennent, la moindre diffusion d’informations confidentielles dans l’intérêt du public pourrait être considérée comme une activité criminelle. L’affaire du Watergate, qui a fait tomber le président Richard Nixon en 1974, n’aurait ainsi jamais pu avoir lieu. Le rôle du journalisme d’investigation dans le jeu démocratique n’est plus à démontrer. Il faut désormais qu’il soit protégé. L’affaire Julian Assange concerne bien plus que ce lanceur d’alerte, il concerne le respect de l’État de droit.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Julian Assange et la liberté d’expression