Légende du bluesJohn Lee Hooker et boule de gomme
Une récente biographie française tente de démêler le mythe de l’immense musicien du Mississippi. Captivant!

Déjà, l’affaire démarre avec un gros point d’interrogation. À quelle date est donc né John Lee Hooker? Hein? En 1920, comme il l’a parfois affirmé? En 1917, comme l’atteste son acte de décès. Ou en 1913, comme l’indique un vieux recensement du comté Tallahatchie, Mississippi? Mystère.
Et c’est loin d’être le seul dans l’opaque CV de l’immense bluesman aux riffs hypnotiques et au gosier de braise. Entre légendes, autofiction, silences et supputations, la vie de cet homme-là demeure bien floue. Une récente biographie française et fouillée signée Olivier Renault tâche de démêler tout ça.
D’abord, il y a la légende. Une enfance dans les champs de coton du sud. Une adolescence de vagabondage la guitare en bandoulière. Une technique musicale frustre et singulière, qui décourage les accompagnateurs. Une carrière en dents de scie, entre heures de gloire et vaches maigres, avec un répertoire abrasif mille fois réinventé, trituré, adapté selon les modes et humeurs du moment. Et puis une vieillesse dorée, entourée de disciples dévoués: Bonnie Raitt, Santana, Clapton, les Stones, Van Morrison…
Pseudonymes
Une chose de sûre: John Lee est un bosseur. Chaque dollar se gagne à la dure. Tournées incessantes, enregistrements en pagaille. Les maisons de disques payent les séances mais pas de royalties? Qu’importe. Le voilà qui court studios et contrats, réenregistrant ses morceaux sous pseudonyme: Texas Slim, Delta John, Boogie Man. Rusé le gars, dur à cuire et imprévisible. Mais aussi séducteur, loyal, désarmant. Et analphabète. Bref, un vrai mystère, que cette biographie a le bon goût de ne pas percer.

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