Exposition dans le quartier des BainsJérôme Hentsch interprète la lutte contre l’impunité des crimes
L’artiste genevois a travaillé le logo de l’ONG Trial International à sa manière, entre abstraction et figuration, et en couleurs.

Au premier regard, ce sont trois trapèzes de couleurs différentes enchâssés l’un dans l’autre. Olive, turquoise, parme, citron ou ciel. En plissant légèrement les paupières, on fait apparaître un mur, une porte, son cadre et, au-delà, l’ailleurs.
Si l’on sait qu’avec ces vingt-sept tableaux, l’artiste genevois Jérôme Hentsch a interprété le logo de l’ONG Trial International, qui lutte depuis vingt ans contre l’impunité des crimes commis partout dans le monde, on laisse les œuvres parler au spectateur de prison, d’évasion ou de délivrance.
Au dos de chaque toile figurent les initiales de ceux qui se sont consacrés à la traque des criminels internationaux: Carla Del Ponte, Serge Klarsfeld ou Hersch Lauterpacht, sans oublier les Mères de la place de Mai ou les Travailleurs anonymes.
«Le logo de Trial résonne avec mon travail, qui joue avec la frontière entre l’abstraction et la figuration.»
Pour marquer les vingt ans d’activisme de l’ONG basée à Genève, Jérôme Hentsch a décidé de peindre vingt tableaux, de les exposer et de les mettre en vente au profit de Trial. Aux vingt toiles de couleurs, toutes de taille similaire (60 par 57 cm), se sont ajoutés cinq grands formats (100 par 89 cm) et un diptyque noir et crème, qui parle de la distinction entre génocide et crime contre l’humanité.
L’accrochage «Là-bas comme ici» est dévoilé au public mercredi 12 octobre à 18 h à la galerie Fluxum, puis visible jusqu’à dimanche de 11 h à 18 h.
Faire parler l’abstraction

«Le logo de Trial résonne avec mon travail, qui joue avec la frontière entre l’abstraction et la figuration. Cette parenté m’a frappé lorsque j’ai rencontré l’an dernier Philip Grant, le fondateur de Trial International, et je lui ai proposé cette exposition», explique l’artiste, qui a commencé à peindre en janvier. «Très vite, j’ai été rattrapé par l’actualité, les feux médiatiques se sont braqués tous les jours sur des scènes de la guerre en Ukraine. Ce que j’étais en train de peindre a changé mon rapport aux événements et m’a donné la bonne distance avec eux.»
Jérôme Hentsch aime faire parler l’abstraction: «Pourquoi ce logo m’intéresse-t-il? J’ai demandé aux couleurs de me le dire. J’ai commencé par essayer différentes combinaisons sur ordinateur pour voir lesquelles me «parlent», puis je les ai transposées sur la toile. Chaque mélange est unique. J’ai écarté toutes les couleurs primaires, afin que mes tableaux ne puissent pas être récupérés par un publicitaire, de manière aussi à éviter qu’ils évoquent des drapeaux.»
Partant de ces recherches formelles, l’artiste laisse ensuite le visiteur s’inventer un récit devant chaque toile. Qui s’arrête à la beauté des teintes repartira content; qui connaît Trial y lira son action; qui est touché par l’engagement humanitaire des activistes contre l’impunité des crimes sera amené à la réflexion.
«Là-bas comme ici» de Jérôme Hentsch, galerie Fluxum, rue de la Muse 5, me 12, 18 h-21 h, de je 13 à di 16, 11 h-18 h
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