Jean-Marc Jaumin, entre exigence et gros travail
Le coach des Lions a derrière lui une superbe carrière de joueur. Construite avec abnégation. Portrait.

Partir à la rencontre de Jean-Marc Jaumin est l'occasion de réveiller ce paradoxe que l'on trouve souvent chez les personnes timides; elles gagnent à être connues! Du caractère du technicien belge, entraîneur des Lions de Genève depuis le début de la saison, on ne connaissait jusque-là pas grand-chose, si ce n'étaient les définitions des uns et des autres. «Austère et peu bavard», nous avaient dit certains. «Très pro et ouvert», nous avaient murmuré d'autres voix. Sans doute les premiers n'avaient-ils pas assez gratté le vernis pour découvrir ce qui se cache derrière ces lunettes et cette barbiche de quelques jours. «C'est un angoissé permanent, mais quelqu'un de loyal, de correct et d'attachant, remarque son président, Imad Fattal. Son professionnalisme et son éthique de travail nous ont convaincus.»
Jean-Marc Jaumin, 47 ans, c'est effectivement l'exigence même, le professionnalisme, le perfectionnisme aussi. Mais sont-ce des tares? Non. Encore moins lorsque l'intéressé, qui passe vite au tutoiement, explique ses choix et ses méthodes, parfois en utilisant son smartphone pour figurer un joueur. C'est que l'homme s'y connaît en sphère orange. Avant de se muer en entraîneur de basket, il a surtout été un très grand joueur. «Mais ça remonte à loin», dit-il. Parce qu'il est humble, ce natif de Berchem-Saint-Agathe n'est pas de ceux qui se tapent sur le ventre en se remémorant leurs exploits passés. Il n'apprécie d'ailleurs pas spécialement de les conter. Or sa trajectoire vaut le détour.
La vie du «dompteur» des Lions, né d'un père belge et d'une mère originaire de Yougoslavie, n'a rien eu d'un long fleuve tranquille. N'a-t-il pas débarqué dans le pays de sa maman à l'âge de 12 ans pour être élevé par sa grand-mère et sans connaître la langue?
«Mentalité croate»
«Ma vie familiale m'a mené à Karlovac (ndlr: en Croatie désormais), souffle-t-il. Avant cela, j'avais touché à plein de sports en Belgique, dont le basket. Un terrain se trouvant à 400 m de ma chambre, j'y ai passé tout l'été avant de commencer l'école. Je regardais les entraînements depuis le haut des tribunes. Puis un jour, le coach de l'équipe est venu me demander si je voulais les accompagner. Je n'ai rien compris, mais il m'a mimé les gestes et j'ai compris.»
L'aventure a démarré ainsi, sur une terre où le sport n'est pas qu'une passion, mais une véritable culture, peut-être même l'essence de la vie. Jean-Marc Jaumin y a appris l'exigence, le travail, le don de soi. «Je m'entraînais quatre heures par jour à l'âge de 15 ans. Puis six heures par jour une année plus tard.» En dehors aussi, il a été élevé à la baguette. «J'ai fait des conneries, bien sûr, mais il y a toujours eu quelqu'un pour me remettre dans le droit chemin. Mon oncle ou ma grand-mère, par exemple, une rescapée de 39-45...»
Le désormais Genevois d'adoption ne cache pas avoir hérité des six années passées dans la «ville aux quatre rivières» une «mentalité croate». «Vous savez, nous n'avions pas de Nintendo à l'époque, nous n'allions pas davantage au cinéma. Les sorties étaient rares, car on n'avait presque rien. Seul le sport pouvait concrètement nous aider à nous en sortir. Si tu réussissais là-dedans, tu pouvais entretenir toute ta famille.»
Champion d'Europe
Alors l'homme, positionné meneur, a bossé comme un damné pour construire sa carrière. Son abnégation a fait sa force. Cette philosophie, qui se retrouve dans ce qu'il demande au quotidien à ses joueurs, s'est forgée au fil des plus belles étapes de sa vie de basketteur. A Ostende d'abord, puis à l'Unicaja Málaga et au Real Madrid, notamment. Des clubs avec lesquels il a remporté quantité de titres (dont la Coupe Korac 2001) et côtoyé des coaches de renom – Bozidar Maljkovic, pour ne citer que lui.
De toutes ses expériences, «Jimmy» – le surnom dont il a été affublé en Andalousie – a tiré le meilleur. Autant pour devenir l'un des plus grands basketteurs belges de l'histoire – «Après mon passage en Espagne, tout me paraissait très simple lorsque je revenais en sélection nationale», dit-il – que pour réussir plus tard sur un banc. Si sa carrière de technicien, qui l'a mené à Ostende, Den Helder et Lugano, est encore à bâtir, celle de joueur a fait l'unanimité. Il refuse pourtant de se comporter tel un ancien combattant en la remettant systématiquement sur le parquet.
«J'ai eu de la chance de connaître des entraîneurs qui m'ont poussé, reconnaît le Belge. Parce que sans le travail, tu n'es rien. Une carrière, c'est 20% de talent et 80% de boulot. Il ne faut pas croire que les Michael Jordan ou Kobe Bryant ont réalisé ce qu'ils ont fait en se reposant sur leurs lauriers. Non, ils ont bossé tous les jours.»
Jean-Marc Jaumin sait la valeur du travail. Il désespère parfois de se heurter à une nouvelle génération qui ne la partage pas forcément. «C'est parfois difficile à gérer, c'est vrai, admet-il, car moi, lorsque j'entrais sur un terrain, je voulais tout fracasser.»
La fin de saison, avec la finale de la Coupe en ligne de mire, pourrait permettre à ses hommes de suivre enfin ses traces.
Ce samedi, à 19 hLions de Genève - Union Neuchâtel, au Pommier.
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