«Iphigénie en Tauride», un tragique savamment dosé
L'œuvre de Gluck retrouve le Grand Théâtre en concentrant modernité et classicisme. Une réussite.

Avec Iphigénie en Tauride, la saison du Grand Théâtre fait un saut dans le sanglant et bascule du côté de la malédiction. Celle, brutale, qui traverse l'histoire des Atrides, lignée athénienne captive de la volonté de dieux colériques. Avec cette tragédie que Christoph Willibald Gluck a puisée dans les vers d'Euripide, le lyrique rejoint ainsi l'univers impitoyable d'une famille traversée par l'instinct féroce et par la barbarie, l'accession au pouvoir étant la trame qui justifie les faits les plus cruels. Œuvre trop rarement représentée, elle a enfin retrouvé les planches de la maison genevoise après plusieurs décennies d'absence, dans une nouvelle production qui – il faut le dire d'entrée – se distingue tout particulièrement dans l'offre de cette première partie de saison.