Exposition à l’UNIGE«Intime?» questionne le visiteur sur sa vie sexuelle
Fondé il y a un an, le Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités propose sa première animation grand public.

Sur des panneaux roses et mauves, les questions s’affichent: «Qu’est-ce qu’un fantasme?» «Quelle est la différence entre plaisir et désir?» «Comment vois-tu tes organes génitaux?» En rangs serrés, des Post-it livrent des réponses spontanées écrites à la main. Elles racontent la vie privée de ceux qui, depuis une semaine, ont visité «Intime?», la première exposition du Centre Chalumeau en sciences des sexualités, et ont ressenti l’envie de se confier, de blaguer ou de provoquer.
Certains billets attestent d’un sens de l’humour rafraîchissant: «Démesurés!» «Comme une manette d’Atari 2600» ou «Nous sommes peu en contact» donnent ainsi la réplique à l’interrogation sur les parties génitales. D’autres, au ton plus sérieux, qualifient les fantasmes de «ce qui maintient en vie» ou associent «le désir au fantasme» et «le plaisir à la sensation».
«Comment vois-tu tes organes génitaux?» «Nous sommes peu en contact.»
Dans la salle d’exposition de l’UNIGE du bâtiment Carl-Vogt, des paravents zigzaguent et guident le visiteur tout au long d’un chemin délicat, celui qui l’incite à s’interroger sur le rapport à son corps, à celui de l’autre, sur sa vie intime et ses pratiques sexuelles, réelles ou imaginaires. Évidemment, ces cloisons ont aussi valeur de symbole: qu’accepte-t-on de montrer? que souhaite-t-on cacher? Le parcours est agrémenté d’une touche de poésie grâce aux dessins métaphoriques de l’artiste Marion Fayolle, qui crée par associations d’idées, de formes, de mots et de pensées sur un mode surréaliste.

Le mot intime, judicieusement escorté d’un point d’interrogation dans l’intitulé de l’exposition, ne livre aucune réponse. Bien qu’à l’Université, nous ne sommes pas ici dans un cours d’éducation sexuelle dispensé par des experts. Trente-six textes brefs énumèrent les questions que se sont posées les gens au cours de ces cinquante dernières années dans le cadre des activités scientifiques de l’ancien Fonds Maurice Chalumeau, créé en 1970. Et proposent des réponses qui sont le reflet de leur temps. Car la recherche sur les sexualités, miroir des changements de société et politiques, vit une rapide évolution qui a fait émerger différents enjeux individuels et collectifs autour de la santé sexuelle, des droits, des arts et des savoirs sur les sexualités.
Croyances et tabous
Dans l’agora de l’exposition, des voix résonnent. Elles proviennent de capsules vidéos dans lesquelles s’expriment hommes et femmes de tous âges, de différentes cultures, transgenres, intersexués et appartenant à des communautés migrantes concernées par l’excision et la circoncision. Ces témoignages débattent des croyances et tabous liés aux organes génitaux et de l’impact de ces idées reçues, souvent fausses, lorsqu’il est question de modifier son sexe, volontairement ou non. La parole est libre, le ton décontracté, les fous rires nombreux, tous les participants étant animés par une attitude positive, sans jugement et considérant la sexualité comme une source de bien-être et d’épanouissement. Une attitude cultivée soigneusement par «Intime?».
«Intime?», exposition du Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités de l’Université de Genève, salle d’exposition de l’UNIGE, bd Carl-Vogt 66, du mardi au vendredi, de 12 h 30 à 18 h 30, jusqu’au 13 janvier 2022. Entrée libre sur présentation du certificat Covid, unige.ch/-/intime
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