Ils critiquent la négligence des skieurs hors-pistes
D'une part, les freeriders manquent d'expérience et d'autre part, la neige est un facteur naturel dangereux sous-évalué.

Une procédure pour homicide par négligence a été lancée à l'encontre du guide du CAS à la tête du groupe sur le Piz Vilan emporté samedi par une coulée qui a fait cinq morts. Les conditions en montagne restaient extrêmement périlleuses. Lundi, le danger est même monté d'un cran, à 4 (fort) sur 5, dans les Préalpes vaudoises jusqu'en Suisse centrale.
Depuis jeudi dernier, il y a eu onze morts dans des avalanches. Pour les experts deux éléments sont particulièrement saillants dans ces événements. D'une part les freeriders manquent d'expérience et d'autre part, la neige est un facteur naturel dangereux sous-évalué.
Ueli Mosimann du groupe de travail Sécurité dans les sports de montagne du Club alpin suisse (CAS) parle d'une récurrence d'accidents statistiquement inhabituelle. Tous les accidents de ce week-end se sont produits alors que le danger d'avalanche était «marqué» (3 sur 5), a-t-il expliqué.
«Dans cette situation les randonnées à ski sont possibles dans une certaine mesure, il faut par exemple éviter les pentes escarpées», précise le spécialiste. Les randonneurs doivent également pouvoir juger du risque sur le terrain, et ce n'est pas toujours évident. En raison d'un début d'hiver retardé, le manteau neigeux s'est mal stabilisé, en particulier en Valais et aux Grisons.
Quadruple d'amateurs de neige
Les skieurs sont-ils alors plus négligents qu'avant? Pour Ueli Mosimann, il faut différencier plusieurs sortes de pratiques. Les groupes du CAS comme celui du Piz Vilan (GR) sont bien formés et sont sortis par un danger de type 3.
Par contre, à partir de 4, il n'est plus possible «d'évaluer le danger correctement», relève Werner Munter, spécialiste suisse des avalanches. «Dans ces conditions, tu restes au chaud ou sur les pistes!», résume-t-il.
Le nombre de randonneurs à ski a quadruplé durant les trente dernières années. Celui des accidents liés aux avalanches est resté, quant à lui, stable, assure pourtant Ueli Mosimann. «On ne peut donc pas dire que les gens sont imprudents.» Pour le CAS, il n'y a alors aucune raison de durcir les directives pour les randonnées.
«Méconnaissance crasse»
En revanche, le spécialiste juge différemment la pratique des skieurs hors-pistes. «Ils montent en remontée mécanique dans les sommets puis sans aucune préparation, sans avoir analysé la pente, ils s'élancent sur la piste».
Des propos auxquels Werner Munter fait écho. Lui, n'est d'ailleurs pas étonné par ce bilan, révèle une interview menée par Le Matin. Pour ce guide de 73 ans, la «méconnaissance crasse des avalanches» pousse les skieurs à prendre trop de risques.
Et les détecteurs de victimes d'avalanche (DVA) ou les sacs airbag anti-chocs donnent une fausse impression de risque zéro, complète-t-il. Les skis modernes larges et performants permettent en plus à des skieurs médiocres de descendre des pentes auparavant réservées aux techniciens hors pair, regrette-t-il. Il prône un renforcement de la formation «axée sur la prévention» car «la neige rend fous certains skieurs».
Danger élevé
Cet hiver 18 personnes ont déjà perdu la vie. Huit d'entre elles dans quatre accidents différents ce week-end et trois personnes entre jeudi et vendredi. Sept de ces 18 amateurs de neige faisaient du hors-piste au moment de l'accident, selon des données fournies par l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches (SLF).
Lundi, dans quelques régions de Suisse, le danger d'avalanche est le plus élevé de ces derniers jours. Les accumulations récentes et déjà plus anciennes de neige soufflée sont fragiles. «Ceci surtout sur les pentes exposées au nord et à l'est», précise l'institut, qui appelle les skieurs à «une grande prudence».
La situation est également dangereuse dans l'ouest du Jura et dans les Alpes valaisannes (danger 3 sur 5). Des avalanches spontanées de petite et moyenne taille sont possibles surtout dans le Bas-Valais.
ats
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