
Genève, 5 janvier
En à peine quinze ans, grâce à des mesures sans conséquence sur notre qualité de vie, le canton de Genève a économisé la consommation électrique de 80’000 ménages. Un barrage sur la Versoix produit quant à lui l’équivalent de la consommation de 300 ménages.
La pesée d’intérêt qu’il faut faire consiste donc à opposer ces chiffres à l’importance de maintenir en vie ou non la dernière rivière sauvage du canton.
Car il n’y a plus de plan B. Cet été, la Versoix a été la dernière rivière du canton à voir s’écouler les quelques centaines de litres d’eau froide qui sont nécessaires à la survie des remarquables populations animales et végétales qu’on trouvait autrefois partout ailleurs. En réduisant encore davantage les débits et l’habitat disponible, les barrages menacent aujourd’hui cet ultime refuge.
Il n’y a pas non plus, c’est malheureux mais parfaitement vrai, de compromis possible avec l’hydroélectricité. Depuis des décennies, les barrages genevois ont fait du Rhône l’un des pires fleuves européens pour la faune et la flore d’eaux vives, et sur la Versoix, les secteurs exploités par la production hydroélectrique démontrent chaque année, études à l’appui, que l’impact écologique de ces microcentrales est exorbitant au regard de leur faible production électrique.
La Versoix a été sauvée de la mise en bouteille de ses eaux par une mobilisation sans précédent des deux côtés de la frontière, ce qui atteste, pour ceux qui en doutaient, d’un attachement franco-genevois indéfectible à une rivière libre et fonctionnelle.
La Suisse s’est engagée à protéger 30% de son territoire pour offrir un espace vital à sa faune et à sa flore avant qu’elle ne disparaisse. Si protéger un patrimoine naturel unique et hors du commun pour les générations futures a de l’importance, nul doute que la Versoix doit être libérée de ses barrages.
Daniel Jimeno, président de la Fédération des sociétés de pêche genevoises
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Lettre du jour – Il faut libérer la Versoix des barrages