Arts de la scèneIdentités indigènes et luttes de genre fleuriront à La Bâtie
Le cador des festivals genevois dédiés aux arts de la scène déploiera ses fastes du 25 août au 11 septembre. Les points saillants du programme.

Avant les vacances d’été, avant de tout oublier, ou presque, du monde théâtral, prière de bien noter ce qui adviendra juste après. La traditionnelle conférence de presse de la Bâtie Festival de Genève, mardi 14 juin au Bois de la Bâtie, présente une belle affiche. Tandis qu’une douce brise rafraîchit l’assistance, on est tout ouïe pour les mots du directeur Claude Ratzé.
L’affiche, on l’aura au format mondial dans les rues de la ville dès la mi-août. Cinq profils d’une même femme afrodescendante, imbriqués l’un dans l’autre comme des poupées russes. Clin d’œil à l’actualité? Plus sûrement, une manière esthétique à souhait de souligner l’une des grandes thématiques qui nourrit cette 46e édition, comme les précédentes.
Réenchanter le monde
On cite, en vrac, la colonisation des corps, l’afro futurisme, la matière noire encore, prétexte à un glissement sémantique inédit entre questions raciales et cosmologie. Pour y voir plus clair, ne pas manquer «DARKMATTER» de la chorégraphe néerlandaise Cherish Menzo. Retrouver également les rituels réenchantés de Lia Rodrigues, fameuse meneuse de troupe brésilienne: son «Encantado», créé cette année en France, débarque enfin à Genève.
De l’Amérique latine, on retient la lourde problématique indigéniste qui écrase les populations natives, sujet dramatique de l’Argentin Tiziano Cruz dans «Soliloquio». Voir ensuite ce qu’on dit en 2022 des luttes de genres, des anatomies comparées, en défiant au passage le «douloureux cache-sexe de la perfection», selon l’équipe de programmation. Explication par le menu avec «Graces» de Silvia Gribaudi.
«Ha ha ha»
Comprendre encore – parmi tant d’autres sujets sociétaux abordés par le festival – ce qui, du handicap mental, raconte la société, la culture, le théâtre. La compagnie australienne Back to Back Theatre y pourvoit largement, ses acteurs étant eux-mêmes contraints par diverses pathologies.

On se réjouit de découvrir «Los Anõs» de Mario Pensotti, attendu dans un dispositif spectaculaire, une maison de deux étages, à deux époques d’intervalle. Accueil prévu à la Comédie. Et le retour d’Eugénie Rebetez dans «Ha ha ha», à la direction cette fois. Et la chorégraphe Ruth Childs pour «Blast!» Tandis que le Suisse le plus en vue du moment, Martin Zimmermann, récipiendaire de l’anneau Reinhart en 2021, débarque avec sa «Danse macabre».
La musique aussi
Plusieurs créations nourrissent le programme de La Bâtie, notamment ce «Reines du réel» par Françoise Courvoisier, qui fait suite aux «Combats d’une reine», cette fois d’après le texte de la romancière Nancy Huston. Quant au volet musical, il réunit entre autres Yann Tiersen, Rodrigo Leão, ancien de Madredeus, l’époustouflant combo sud africain BCUC, ainsi que le projet Berceuses, collectif de musiciennes suisses, parmi elles l’époustouflante Emilie Zoé.
La Bâtie Festival de Genève, du 25 août au 11 septembre. Infos: batie.ch
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