Encre bleueIci, c’est un cinéma

Ici, c’est Genève! Tous les amateurs du GSHC connaissent la formule, reprise en chœur par les fans de foot et même de rugby servettiens. Des activités plutôt sportives, vous en conviendrez..
Il est plus rare de détourner la formule à des fins culturelles. C’est pourtant ce que les passants découvrent en bas de la rue Chantepoulet, sur les immenses bâches masquant en partie le Plaza. Des tentures, blanches comme des écrans de cinéma, sur lesquelles sont écrits des slogans rappelant la vocation du lieu. Ceux qui prennent la peine de les lire partent généralement au quart de tour.
Mais de quel film s’agit-il? C’est un jeu auquel on ne gagne rien, si ce n’est la promesse d’activer un peu ses neurones et repasser dans sa tête les scènes marquantes du film.
Exemple: «Ici, en 1977, un gorille de 45 mètres a tenu l’affiche pendant trois semaines.» Vu la taille de la bête illustrant le propos, serait-ce la reprise de «King Kong», sortie en 1976? Sur une autre façade, il est dit: «Ici, en 1998, Rose et Jack sont devenus les maîtres du monde.» Fastoche, grâce aux tourtereaux dessinés à la proue d’un paquebot avant qu’il ne sombre: «Titanic»!
Mais la plupart des devinettes sont livrées sans illustration. «Ici, en 1962, deux hommes sont tombés amoureux de la même femme.» Pfff, je sèche, c’est tellement bateau! Ou encore: «Ici, en 1962, nous avons commencé à épier nos voisins.» Hitchcock, peut-être?
Prise au jeu, il m’est revenu en mémoire qu’ici, en je ne sais plus quand, j’étais allée voir «Les clowns» de Fellini avec mon père. Il avait tant ri, si fort, si souvent, que la salle s’était retournée pour savoir d’où venaient ces drôles de bruits. Je m’étais alors faite toute petite dans le fauteuil. C’était ma dernière séance au Plaza avec lui. Et c’est bientôt ma dernière Encre. D’où cette petite bouffée de nostalgie… C’est fou, le pouvoir du cinéma!
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