Huawei lutte pour éviter la panique de ses utilisateurs
Android est forcé par Washington de se distancier de la marque chinoise. Péril sur ses téléphones? Les réactions de Swisscom et Sunrise.

Intervenu dimanche, le durcissement du bras de fer entre Washington et Pékin prend les détenteurs de smartphone Huawei directement en otages, six mois après l'arrestation de la fille du fondateur du géant chinois. Cette fois par le biais de Google-Android. En Suisse, les principaux réseaux de téléphonie mobile se retrouvent en ligne de mire.
«Nous sommes en contact direct avec Huawei», réagissait-on lundi chez Swisscom. Prudent, un porte-parole indiquait cependant que les «restrictions que cela pourrait entraîner pour les appareils Huawei» n'étaient «pas encore claires».
Google se plie à la liste noire
Fournisseur d'Android – le système d'exploitation faisant fonctionner la majorité des smartphones vendus sur la planète –, le géant américain Google a confirmé qu'il était forcé de revoir sa collaboration avec Huawei. Dans un tweet laconique diffusé dimanche soir, Android indique «se conformer aux actions du gouvernement américain». En cause, la décision spectaculaire de la présidence Trump, mercredi dernier, d'interdire à de nombreux groupes américains – comme Google mais aussi les fournisseurs de puces Intel, Qualcomm ou Xilinx – de traiter avec plusieurs sociétés étrangères considérées comme une menace pour la sécurité du pays.
Deuxième fabricant de smartphone au monde derrière Samsung, Huawei – et une soixantaine de filiales – se retrouvent sur cette liste noire. Ce qui force Google à demander une autorisation gouvernementale pour continuer de fournir son système Android et ses applications à Huawei.
Le géant régnant sur le web se retrouve ainsi aspiré dans la guerre que mène l'administration Trump contre un fabricant de smartphones soupçonné de collaboration avec les renseignements chinois. La marge politique de Google-Android est d'autant plus étroite que plusieurs grandes figures de l'opposition démocrate – à commencer par Elizabeth Warren – ne font pas mystère de leur volonté de démanteler les empires dominant les nouvelles technologies, Google en tête.
Lundi, les fabricants européens de composants pour smartphones, comme l'allemand Infineon ou l'autrichien AMS, ont quant à eux indiqué à l'agence Bloomberg qu'ils continueraient de fournir Huawei, en dépit de l'embargo américain. Le franco-italien ST Microelectronics maintiendrait également ses livraisons, à en croire le Nikkei.
Quel impact en Suisse?
Lundi soir, de nombreux éléments restaient à élucider sur les conséquences de cette mise au ban pour les utilisateurs suisses d'un Huawei P30 Pro ou d'un Mate 20X. Sur Twitter, Google assure simplement que ses «services (ndlr: de sécurité et d'antipiratage) Google Play Protect continueront de fonctionner sur les appareils Huawei existants».
Mais selon les sources citées par l'agence Reuters, qui a révélé en premier cette décision, les utilisateurs de téléphones Huawei ne pourront plus mettre à jour son système d'exploitation Android, même s'ils pourront utiliser – et mettre à jour – des applications mobiles comme Gmail, Chrome, Google Maps ou YouTube. En revanche, toujours selon Reuters, ces services ne seront plus disponibles sur les futurs modèles Huawei, car seule la version «open source» – ou publique – sera autorisée à gérer leur système.
En Suisse, est-ce une mauvaise nouvelle pour Sunrise, qui, au début du mois encore, s'était targué d'être le premier opérateur à mettre en vente le Mate 20X 5G, un appareil permettant l'accès au très haut débit sans fil? «Huawei a confirmé qu'il continuera à fournir les mises à jour de sécurité et des services après-vente pour tous les smartphones et tablettes Huawei et Honor existants, qui ont déjà été vendus et sont encore en stock au niveau mondial», répond une porte-parole du deuxième opérateur du pays. Pour la suite, le flou demeure.
De leur côté, les responsables suisses du conglomérat basé à Shenzhen s'évertuaient lundi à rassurer leurs clients. Les mesures prises par Google «n'ont aucun impact sur les produits en fonctionnement ou proposés en magasins», martèle une porte-parole. Ces smartphones permettent toujours les «mises à jour de sécurité» et ne font face à «aucune limitation dans l'utilisation et la mise à jour de Google Play, Maps, Gmail et des autres applications issues ou non de Google», ajoute-t-elle. Aucune précision n'est donnée sur le sort réservé à un appareil – par exemple un P30 – qui sortirait de l'usine cet été.
Entre les lignes, le groupe chinois met en garde le numéro un de la «Tech» en rappelant qu'«Android est [un système d'exploitation] open source dont Huawei a contribué de façon importante au développement et à la croissance dans le monde». Pour l'instant Huawei continu d'accorder la «priorité au développement et à l'utilisation de l'écosystème Android» sur ses téléphones. Mais ensuite?
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