Huawei contre-attaque en Amérique du Nord
Depuis le début du mois, le géant des télécoms chinois a entamé des actions en justice contre le Canada puis contre les États-Unis

Au moment où les marchés sont en train de prier pour que les Américains et les Chinois enterrent enfin la hache de guerre, Huawei pourrait être le grain de sable enrayant le processus d'apaisement entre les deux puissances commerciales. En quelques jours, le géant des télécoms chinois a décidé de monter le ton en Amérique du Nord, en attaquant en justice non seulement le Canada mais aussi les États-Unis.
La première salve a été lancée contre le Canada, pays contre lequel Huawei est particulièrement remonté depuis plus de deux mois suite à l'interpellation et l'emprisonnement de Meng Wanzhou, fille du fondateur et directrice financière du groupe chinois. Sur demande des États-Unis, cette arrestation survenait suite à plusieurs chefs d'inculpation établis par la justice américaine contre la femme d'affaires.
Il y a moins d'une semaine, les avocats œuvrant à son service ont ainsi entamé devant la Cour suprême de Colombie-Britannique une procédure contre certains membres du gouvernement canadien. Dans cette plainte, ces derniers estiment que l'agence des services aux frontières aurait violé les droits constitutionnels de Meng Wanzhou en retardant délibérément l'exécution immédiate d'un mandat d'arrêt ou en soumettant illégalement leur cliente à un interrogatoire pour lui extorquer des preuves.
Plainte contre les États-Unis
Mais, depuis jeudi, c'est carrément l'administration Trump qui est dans le viseur de Huawei. Le groupe chinois a annoncé jeudi avoir déposé une plainte contre les États-Unis dans le but de contester l'article 889 inscrit par le président américain dans la «National Defense Authorization Act» au mois d'août 2018. Pour mémoire, cette nouvelle loi interdit désormais aux organismes fédéraux et à leurs sous-traitants d'acquérir du matériel ou de faire appel aux services de Huawei. Cette décision survient non seulement en période de tensions commerciales extrêmes entre les deux puissances mondiales, mais également à un moment où l'entreprise chinoise est de plus en plus soupçonnée d'espionnage industriel.
Depuis le début de l'année, le géant chinois fait l'objet de toute une série d'inculpations sur le territoire américain. «Ces procédures mettront à jour les actions éhontées et persistantes de Huawei pour exploiter les institutions financières américaines et menacer la concurrence mondiale libre et équitable», déclarait à la fin de janvier le directeur du FBI (Federal Bureau of Investigation), Christopher Wray.
C'est à cette série d'accusations que le géant chinois veut désormais s'attaquer, les estimant injustifiées. «Le Congrès américain n'a pas réussi à produire de preuves permettant d'appuyer ses restrictions imposées à nos produits. Nous sommes donc contraints, en dernier recours, à entamer cette action en justice», expliquait Guo Ping, président tournant de Huawei.
Très mauvais calendrier
Quelle que soit l'issue finale de ce bras de fer entamé entre le géant chinois et l'administration Trump, en termes d'agenda, il tombe très mal. Même si les analystes les plus optimistes semblent convaincus que les deux puissances vont finir par entendre raison, rien n'est encore sûr.
Le risque que cette affaire Huawei rajoute de l'huile sur le feu existe bel et bien. «Il est certain que ce dossier – qu'il soit avéré et bien instruit – ne participe pas à l'apaisement des relations commerciales et diplomatiques entre la Chine et les États-Unis», constate Fabrizio Quirighetti, responsable des investissements au sein de la Banque Syz.
Aux dernières nouvelles, les négociations avanceraient correctement et les deux puissances seraient proches d'un accord. Certains obstacles subsisteraient encore, à en croire les journalistes du «Wall Street Journal», qui pour autant ne mentionnent pas directement l'affaire Huawei.
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