Votation cantonale du 28 novembreHoraires des commerces, «une adaptation raisonnable»
Les associations patronales lancent leur campagne pour modifier les heures de fermeture et pérenniser les trois dimanches ouverts par an.

«C’est une adaptation plutôt qu’une révolution.» Secrétaire patronale à la Fédération des entreprises romandes, Flore Teysseire résume ainsi la modification de la loi sur les horaires de magasin soumise au peuple ce 28 novembre. Les associations de commerçants ont invité mardi la presse pour détailler leur argumentaire en faveur de cette réforme initiée par le Conseil d’État, mais combattue par la gauche et les syndicats. Il s’agirait de pérenniser les trois dimanches d’ouverture annuels testés en 2019 et 2020, de prolonger d’une heure l’horaire du samedi (jusqu’à 19 h) et d’abolir la peu prisée ouverture nocturne du jeudi soir. En semaine, le rideau serait tiré à 19 h avec une exception le vendredi (19 h 30).
«Notre préoccupation première, ce sont les clients dont on voit les habitudes de vie et de consommation évoluer, en faisant leurs achats plus tard le soir et le week-end, argue Louise Barradi, présidente de la Fédération du commerce genevois (FCG). C’est une adaptation raisonnable. Il faut vivre avec son temps.»
«Le shopping, c’est festif»
Les enseignes genevoises voient dans cette évolution un outil nécessaire pour en découdre avec les horaires des régions voisines (Vaud ou France) et limiter le tourisme d’achat, tout en régatant tant bien que mal face au commerce en ligne. Il s’agit aussi d’animer la ville. «Le shopping n’est pas un gros mot, c’est festif», professe Sébastien Aeschbach, du Trade Club et de la CCIG.
Une évolution qui profiterait surtout aux grandes enseignes? Représentante du commerce carougeois, Béatrice Berthet n’y croit pas: «Nous sommes interdépendants et complémentaires», estime-t-elle. «Le monde attire le monde», complète le boulanger Stéphane Oberson, président de la Nouvelle organisation des entrepreneurs (NODE). «Une ville s’anime si toutes ses composantes fonctionnent, explique Sébastien Aeschbach. Si le grand magasin n’ouvre pas ses portes, les affaires ne marchent pas pour la petite boutique voisine.» Quant à l’heure supplémentaire du samedi, elle suffirait à bonifier le chiffre d’affaires de 6 à 7%.
Reste que, pour les employés, la réforme tend à alourdir le labeur du week-end, temps traditionnellement dévolu à la sociabilité et à la famille. Les partisans de la réforme relativisent. On ne parle que de trois dimanches par an, sur une base volontaire et payés à double, ce qui suscite des vocations, notamment chez les étudiants. Dans les équipes, on trouve du monde qui préfère prendre congé en semaine, par exemple pour profiter de lieux de loisirs sans cohue.
Nouvelle fédération en vue
Si les orateurs disent leur attachement au partenariat social, ils ne cachent pas que les rapports avec les syndicats ont pu être tendus ces dernières années, le lancement de l’initiative pour un salaire minimum (avalisée par le peuple) ayant même poussé la NODE à déserter la table des pourparlers. Si les patrons jurent souhaiter une convention collective de travail (CCT) étendue, notamment pour se battre à armes égales avec les concurrents, ce Graal leur échappe car leurs organisations ne représentent pas, de justesse, la majorité des emplois du secteur. Or, vu de gauche, cette CCT élargie constitue une condition pour autoriser les ouvertures dominicales.
Afin d’améliorer leur représentativité, la FCG et le Trade Club comptent se dissoudre l’an prochain pour renaître en une organisation unique, Genève Commerce. L’union faisant la force, l’espoir est d’améliorer les prestations aux patrons et, par ricochet, le recrutement de membres.
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