Agression russe en UkraineGuerre nucléaire mondiale? Le paradoxe de la dissuasion surarmée
Ce billet est signé par un blogueur de la plateforme «Les Blogs» en partenariat avec la «Tribune de Genève». Il n’engage pas la Rédaction.

La guerre d’agression déclenchée par la Russie contre l’Ukraine nous rappelle cruellement une évidence aussi déplaisante que certaine: le pire, que nous croyons impossible, peut survenir n’importe quand, de préférence au moment où on ne l’attendait pas.
Une agression de la Russie contre l’Ukraine? Impossible. Impensable. C’est ce que tout le monde croyait. Mais la fausse certitude s’est effondrée avec fracas le 24 février 2022. Non seulement cette guerre est déclenchée, sans avoir été déclarée, mais avec la menace brandie par Poutine d’un recours assumé aux armes nucléaires.
Or, et c’est là tout le paradoxe, si une telle guerre semblait impossible, c’est notamment parce qu’on savait qu’elle impliquerait possiblement une escalade vers une guerre nucléaire entre des puissances disposant d’un potentiel de destruction quasi totale de l’humanité.
On n’en est pas encore là, mais on voit maintenant que ce danger ne peut plus être écarté.
Nous touchons du doigt la limite de ce qu’on appelle la dissuasion nucléaire. Le surarmement nucléaire, croyait-on, loin de nous menacer serait au contraire une assurance de paix. Toutes les puissances ont intérêt, croyait-on, à ne pas recourir à leur arsenal atomique de crainte que cela n’entraîne immédiatement une riposte de l’adversaire et une escalade vers une guerre totale et totalement destructrice. Sans victoire pour personne, tous pouvant en même temps infliger et subir le pire.
Cette croyance en la dissuasion surarmée a fonctionné en Europe, de fait, tant bien que mal depuis 1945 jusqu’en 2022. Une septantaine d’années. Ce n’est pas rien, cela pouvait nous bercer d’illusions. Le réveil est d’autant plus tétanisant maintenant. Nous pouvons en conclure trois choses.
Premièrement, espérons malgré tout, sans naïveté, que le pire ne se produira pas, que la sagesse prévaudra bientôt sur la folie en cours.
Deuxièmement, abandonnons définitivement notre superstitieuse croyance en l’impossibilité du pire, dont nous savons qu’il est parfaitement possible. Les moyens de destruction non seulement existent, mais s’accumulent et se perfectionnent. Une ambition ou une peur panique peut pousser un gouvernement fou à utiliser son arsenal. Au risque de sa propre perte. En kamikaze aveugle mais obstiné.
Troisièmement, l’appel pressant du pape François à détruire ou à désamorcer toutes les armes nucléaires pourrait bien retentir aujourd’hui comme la seule voix réaliste. Cette voix désarmée sera-t-elle entendue? Quand? Par qui?
Le dernier mot est à l’espérance. Et à la prière, pour ceux qui prient.
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