Futur centre de requérants en feuUn incendie spectaculaire et des explosions bloquent le trafic aérien
L’impressionnant dégagement de fumée s’est vu à des kilomètres à la ronde. Des bonbonnes de gaz ont explosé et l’aéroport de Genève a été paralysé.
Il est un peu plus de 17 h ce vendredi quand un énorme nuage de fumée noire s’élève dans le ciel, visible à des kilomètres. Cinq déflagrations se font aussi entendre loin à la ronde. Les sirènes crépitent dans toute la ville. Leurs véhicules de secours convergent vers l’aéroport, où un spectaculaire incendie s’est déclaré. Une quinzaine de véhicules sont mobilisés, ainsi qu’une cinquantaine de pompiers professionnels du Service d’incendie et de secours (SIS), de l’aéroport, et des volontaires des communes du Grand-Saconnex et de Bellevue.
C’est la toiture du futur bâtiment de la police internationale et du centre fédéral de requérants d’asile, au Grand-Saconnex, qui a pris feu. Des travaux d’isolation étaient en cours sur ce chantier situé au chemin du Bois-Brûlé, au bout des pistes de l’aéroport, vers la route de Colovrex. La police ferme rapidement celle-ci à la circulation, ce qui provoque un report du trafic et des bouchons sur la route de Ferney.
Débris d’explosion sur le tarmac
Le trafic aérien est lui aussi mis à l’arrêt dès 17 h 30. L’important dégagement de fumée, dû à la combustion du goudron et d’autres matériaux d’isolation utilisés sur le chantier, empêche les avions de manœuvrer. «Le fort vent a été notre ennemi, car il a poussé la fumée dans le sens de l’approche des avions», confie le lieutenant Nicolas Millot, du SIS.
«Tant que nous ne sommes pas sûrs qu’il n’y a plus de risque d’explosion, nous ne pouvons pas autoriser la reprise du trafic aérien.»
L’explosion de cinq bonbonnes de gaz a aussi justifié de bloquer les mouvements aériens. Au pied de l’immeuble en construction, une bonbonne complètement éventrée donne une idée de la force de la déflagration. Des débris de métal et de matériaux de chantier ont été propulsés à des dizaines de mètres, notamment sur le territoire de l’aéroport, juste à côté de la piste d’atterrissage. Une personne en état de choc a dû être transportée à l’hôpital en ambulance.
Intervention à risque
«Il reste encore une dizaine de bonbonnes qui n’ont pas explosé. Comme elles ont été exposées à la chaleur des flammes, elles peuvent être instables», explique Nicolas Millot. La plus grande prudence est donc de rigueur. Vers 18 h, la fumée s’est dissipée, mais les pompiers n’osent pas encore se risquer sur le toit du bâtiment. Des lances-canons aspergent celui-ci d’eau et un drone équipé d’une caméra à infrarouge permet de vérifier s’il reste des foyers d’incendie. «Tant que nous ne sommes pas sûrs qu’il n’y a plus de risque d’explosion, nous ne pouvons pas autoriser la reprise du trafic aérien», poursuit le lieutenant Millot.
Des spécialistes des risques NRBC (Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques) sont là pour évaluer le danger. Première étape: identifier les produits contenus dans les bonbonnes. Finalement, vers 19 h, les lances-canons sont arrêtées et les hommes du feu peuvent enfin s’approcher de la toiture pour avoir un meilleur aperçu de la situation. Le risque de nouvelles explosions est enfin écarté.
Nombreux vols annulés
Les décollages d’avions reprennent progressivement, mais pour les atterrissages, il faudra attendre 19 h 30. «Onze vols de ligne et trois vols privés ont dû être déroutés vers d’autres aéroports, précise le porte-parole de Genève Aéroport, Ignace Jeannerat. Et au moins onze vols au départ de Genève ont été annulés.»
Cela alors que c’était une grosse journée pour l’Aéroport, avec plus de 40’000 passagers annoncés. Dans le hall des départs, c’est un peu la confusion. Certains font la queue au guichet pour essayer de trouver un autre vol, pendant que d’autres tentent de grappiller des informations auprès du personnel des compagnies, qui ne sait pas grand-chose de la situation. Vers 20 h, le trafic routier a pu être rétabli à son tour.
Léa Frischknecht est journaliste stagiaire à la rubrique genevoise. Après un bachelor en Science politique à l’Université de Genève, elle a obtenu son master à l’Académie des médias et du journalisme de l’Université de Neuchâtel.
Plus d'infosAntoine Grosjean est journaliste à la rubrique genevoise depuis 2001. Il couvre l'actualité régionale, notamment dans les domaines de l'environnement, des enjeux climatiques et de la transition énergétique. Il a aussi travaillé plusieurs années à la rubrique Suisse.
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