Grâce à Céline Fribourg, le livre se fait œuvre d'art
Fondées à Genève en 2005, les éditions Take5 offrent une autre approche du livre d'art, tout en encourageant la transdisciplinarité.

Alors que la 33e édition du Salon du livre vient d'ouvrir ses portes, ce n'est pas dans la grande halle de Palexpo que Céline Fribourg nous a donné rendez-vous, mais dans le calme de son appartement des Tranchées, où elle a installé son bureau. Parisienne d'origine, mais installée à Genève depuis bientôt 20 ans, c'est là que, en 2005, elle a fondé sa maison d'édition Take5. Un nom original qui n'est pas sans rappeler un célèbre titre de jazz, mais pour la jolie quadra, il est porteur d'une toute autre symbolique. «Le chiffre 5 renvoie aux cinq sens, aux cinq continents, aux cinq éléments ou aux cinq piliers de la connaissance», lâche-t-elle. «Mais je voulais également inciter les gens à prendre «cinq minutes», car contrairement à une œuvre d'art dont la découverte est immédiate, le livre demande du temps.»
Et elle sait de quoi elle parle. Après un Master dans l'édition, une licence en histoire de l'art à la Sorbonne et des emplois chez Gallimard et Hachette, la jeune femme part rejoindre son mari à New York où elle travaille pour une association organisant des expositions itinérantes, ainsi que des visites d'ateliers d'artistes. Un «job de rêve» où elle a la chance de faire la connaissance d'artistes comme Tony Oursler ou David Row. C'est ainsi que germe chez elle l'idée de fonder une maison d'édition spécialisée dans les livres d'artistes. «Avec deux amis de Paris, on passait des soirées à imaginer des ouvrages que l'on aimerait réaliser. Et puis un jour, on s'est lancé!» C'était en 1996, année qui a vu naître la maison Coromandel, ancêtre de Take5.

Après une vingtaine de réalisations consacrant des artistes comme Pablo Ortiz Monasterio, Miguel Rio Branco, Nicolas Bouvier, Kiki Smith, Vik Muniz ou Mario Testino, l'aventure s'arrête subitement au début des années 2000. «Mes associés ont eu des enfants et le besoin de faire vivre leur famille. Comme l'activité ne nous rapportait pas beaucoup d'argent, nous avons décidé de nous arrêter là». Il faudra attendre plusieurs années et l'encouragement d'un de ses collectionneurs pour que Céline Fribourg tente l'aventure une seconde fois.
Provoquer la rencontre
Présenté en janvier à artgenève, son dernier ouvrage associe les photographies du Britannique Idris Khan et les textes de l'écrivaine américaine Siri Hustvedt autour du thème de la psyché humaine. «Il ne s'agit pas d'un livre d'art traditionnel où les propos viennent expliquer le travail d'un artiste», précise l'éditrice. «L'idée étant de décloisonner les disciplines et associer des gens d'univers très différents pour qu'ils travaillent ensemble et ouvrent ainsi le spectre de leurs connaissances.» Des projets qui, par le passé, ont réuni l'artiste brésilien Ernesto Neto et le réalisateur américain Tom McCarthy, le photographe italien Gabriele Basilico et le metteur en scène libanais Wajdi Mouawad ou le vidéaste turc Ali Kazma et l'écrivain argentin Alberto Manguel. Des rencontres inattendues, souvent transformées en amitiés. Ainsi lorsqu'Ernesto Neto a été invité à exposer à la Tate de Londres, c'est à Tom McCarthy qu'il a demandé de rédiger la préface du catalogue. Quant au psychiatre romand François Ansermet et au docteur Pierre Magistretti, directeur du Brain Mind Institute de l'EPFL, leur collaboration autour du livre Eros & Thanatos les a confortés dans la nécessité de tenir un club de réflexion, réunissant scientifiques, musiciens et artistes.

«Pas des objets de luxe»
Mais l'intérêt de ces livres, c'est aussi le soin apporté à la mise en page et à la réalisation du coffret, qui en fait un véritable objet d'art. Si le graphisme du dernier fut confié au bureau vaudois Nordsix Design, c'est à Idris Khan qu'on doit la réalisation du boîtier, présentant sur le dessus une plaque en céramique évoquant un codex. Un travail qui justifie son prix: comptez entre 5000 et 10 000 francs! «On me reproche souvent que mes livres sont des objets de luxe», regrette Céline Fribourg. «Mais lorsque vous réalisez tout le travail derrière et que chaque pièce est signée, ce n'est pas exagéré. À mes yeux, c'est avant tout une aventure artistique.»
Éditions Take5, www.take5editions.com
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