Carnet noirGina Lollobrigida disparaît, l’Italie est en deuil
L’actrice de «Fanfan la Tulipe» avait travaillé aussi bien en Europe qu’à Hollywood. Elle est décédée à l’âge de 95 ans.

Il y avait Sophia, Claudia, Silvana, Giulietta. Et puis Gina, bien sûr. Abréviation de Luigina, ce prénom suffisait à situer l’une de ces figures populaires dont le public était si friand. Née le 4 juillet 1927 près de Rome, c’est dans la capitale qu’elle est décédée ce lundi, à l’âge de 95 ans. Venue du milieu ouvrier, la jeune femme est attirée par l’art, commence des études à Rome, puis joue dans un roman-photo et participe à plusieurs concours de beauté. Sa plastique attire les regards et lui donne ses premiers rôles. Ainsi naquit Gina Lollobrigida, étoile de l’après-guerre destinée à devenir une star et à supplanter de nombreuses concurrentes. Ses premières années sont pourtant ingrates. Elle travaille certes avec quelques grands cinéastes, comme Luigi Zampa, Mario Monicelli ou Pietro Germi, mais ne décroche que des seconds rôles.
Elle patiente ainsi jusqu’en 1952, année où sort «Fanfan la Tulipe». Aux côtés de Gérard Philipe, elle se fait enfin remarquer et peut commencer à mieux choisir ses films. René Clair la dirige dans «Les Belles de nuit». Pour Luigi Comencini, elle enchaîne «Pain, amour et fantaisie» et «Pain, amour et jalousie», de très gros succès populaires. Dans l’intervalle, elle fait une incursion internationale sous la caméra de John Huston dans «Plus fort que le diable». Et en 1956, son rôle d’Esmeralda dans «Notre-Dame de Paris» (de Jean Delannoy) confirme la renommée de l’actrice, qui pourtant préférera toujours s’illustrer dans des comédies.
Carrière en déclin
Elle fait alors de réguliers allers-retours entre l’Europe et les États-Unis. Mais au début des années 60, sa carrière commence pourtant à décliner. Mauvais choix, arrivée d’autres stars, jeu sans nuance? Plusieurs explications s’offrent. Toujours est-il qu’elle tourne alors beaucoup, mais qu’aucun titre ne sort vraiment du lot. De quoi la faire douter et en tout cas se réorienter. En 1968, elle quitte son mari, qui était aussi son imprésario. En parallèle, elle freine la cadence de ses tournages. On la voit moins, le cinéma semble même la désintéresser. Mais une autre passion la dévore, celle de la photographie. Dès 1973, elle en fait même une occupation à plein temps. Le cinéma passe dès lors au second plan. Il lui arrive cependant d’apparaître sur les écrans, par exemple dans le feuilleton prestigieux «Falcon Crest», le temps de quelques épisodes.
Elle participe aussi à quelques festivals, officie comme présidente du jury à Berlin, vient parfois à Venise, reçoit des prix à Karlovy Vary, Taormina ou en Belgique. Les récompenses s’additionnent ainsi jusqu’en 2018, où son étoile sur le Hollywood Walk of Fame est inaugurée. En 1995, elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur. Quatre ans plus tard, elle tentera de se présenter aux élections européennes. En vain. Ses apparitions publiques se raréfient, et c’est normal. Ses compatriotes la retrouvent encore en invitée de marque dans l’édition italienne de «Danse avec les stars», en 2018. Ce fut là l’une de ses dernières apparitions publiques.
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