Les réseaux sociaux vont révolutionner la médecine
Comment? Avec quelles conséquences? L'Uni fait le point avec la Tribune de Genève mardi 15 novembre. Questionnez les conférenciers!

En matière de santé, la révolution du numérique est en marche et affecte chacun d’entre nous. En s’informant sur Internet, le patient que nous sommes accroît son autonomie, et modifie la relation à son médecin. Pour ce dernier, les réseaux sociaux représentent un puissant levier de prévention, mais gare à la concurrence des Google et autres Apple, qui éditent des logiciels et utilisent à grande échelle nos données personnelles.
A quelle fin? Quel monde ces profondes mutations dessinent-elles? Afin d’y voir plus clair, l’Université de Genève, en partenariat avec la Tribune de Genève, organise une conférence mardi 15 novembre. Avec l’aide de deux experts: Christine Balagué, titulaire de la chaire réseaux sociaux et objets connectés à l’Institut Mines-Télécom à Paris, et Didier Pittet, professeur de médecine à l’UNIGE et médecin-chef du service prévention et contrôle de l’infection aux Hôpitaux universitaires de Genève.
Les organisateurs vous invitent à poser vos questions via #esanteUNIGE sur Twitter. Les spécialistes vous répondront durant la conférence
Christine Balagué a été, durant trois ans, la vice-présidente du Conseil national du numérique en France. Spécialiste des comportements des individus sur les réseaux sociaux, elle pointe deux éléments majeurs liés à la révolution digitale: l’élargissement de la capacité d’agir des individus et la domination des modèles américains. Grâce à Internet, le patient acquiert des connaissances sur les maladies, les traitements et leurs contre-indications. «L’asymétrie de l’information entre le médecin et le malade diminue. Des communautés de patients se créent. Par exemple, des diabétiques en rencontrent d’autres. Ensemble, ils trouvent des solutions à leurs problèmes. De même, un malade atteint d’un cancer va partager ses connaissances et ses conseils en réseau. On assiste à l’avènement du patient expert.»
Christine Balagué le note: «Nous vivons dans un monde du pair à pair. Nous avons tendance à croire davantage le témoignage d’une personne ayant vécu la même expérience qu’une information scientifique.» Cela peut être fâcheux, lorsque des rumeurs affolantes et sans fondement s’érigent en «vérités», comme par exemple en matière de vaccination: «C’est pour cela que les pouvoirs publics et les scientifiques doivent s’emparer de ces technologies, comprendre leurs mécanismes et les utiliser, pour ne pas les laisser dans les seules mains des blogueurs.»
Deuxièmement, les GAFA – Google, Apple, Facebook et Amazon – déploient leurs capacités économiques et d’innovation dans le monde de la santé. «Google a créé une filiale, Calico, dans le but de lutter contre le vieillissement et de tuer la mort.» Utopie délirante? Non. «L’analyse massive de données permet déjà d’identifier la probabilité que chacun a de développer telle ou telle maladie. Le transhumanisme a le vent en poupe», avertit la chercheuse. Cette philosophie, qui prône l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les capacités physiques et mentales des humains , vise à nous faire vivre mille ans, rappelle-t-elle. «Sur la base de ces idées-là, des universités dites de la singularité se développent en Europe et forment les élites. Cela pose des problèmes éthiques, scientifiques.»
Pour en donner la mesure, Christine Balagué donne un exemple: «Apple équipe les hôpitaux de tablettes de télémédecine. Aux Etats-Unis, si le patient ne collecte pas ses données de santé, il n’est pas remboursé par son assurance. Il y a un côté positif – le patient est incité à mieux se soigner - mais aussi un côté négatif: où vont ces données, récoltées par une société privée? Qui y a accès?»
Du côté des médecins, de profonds bouleversements sont également à l’œuvre. «Le logiciel Watson développé par IBM analyse toutes les publications médicales et propose un diagnostic lorsqu’on saisit les données d’un patient. Cela pose des problèmes: la relation humaine joue un rôle majeur en médecine et celle-ci ne peut se réduire à un programme informatique; se pose en outre la question d’une société privée qui procède à un diagnostic: comment choisit-elle les publications utilisées? Bref, cette technique change profondément le métier du médecin. C’est bien si cela l’aide à la décision, mais ces sociétés visent à aller beaucoup plus loin.»
Pour résumer, «Nous sommes à un moment où ces technologies peuvent être très positives et sont encore sous-utilisées.» La chercheuse a une idée très claire: «Il faut construire ce monde, et ne pas s’y opposer. En France nous sommes très à cheval sur la protection des données et cherchons à encadrer ces technologies.
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