Festival dégivrantGenève va pulser au rythme de la société contemporaine
Dès vendredi, une 13e dose d’Antigel dans les articulations mettra les corps en mouvement. Survol express d’une vingtaine de propositions radicales dans la catégorie spectacles vivants.

S’il est notoire que les arts vivants reflètent le monde, ils le font en mettant le turbo. Antispécisme, féminisme, inclusion, écologie, afro-descendance, intelligence artificielle ou identité de genre, les préoccupations sociétales du moment se bousculent dans un nouvel assortiment chorégraphique au sein de la section arts vivants que programme Gabor Varga pour le compte d’Antigel. Dix-huit spectacles témoignent du bouillonnement. Florilège.
Passée l’ouverture fédératrice et vitaminée confiée au Franco-Israélien Emanuel Gat («Lovetrain2020», sold-out) et l’«Ouverture» plus spirituelle emmenée par la Suissesse Géraldine Chollet, on entre dans le vif du sujet. Au Grütli, d’abord, où Marion Thomas, via «Nous sommes les Amazones du futur», se projette en 2050, quand humains, machines et animaux décident de protéger le peu qu’il reste à sauver de la planète.
Un alter ego vache
Juste après ce stand-up entre dystopie et utopie, place à un minotaure queer du nom de Daniel Hellmann, sur lequel Antigel braque les projecteurs de Saint-Gervais à travers trois titres et un dîner végane pour la Saint-Valentin («Mange avec ton cœur»). Indissociable de son avatar bovin Soya the Cow, l’activiste zurichois présentera ainsi une performance célébrant les êtres vivants sans discrimination de genre ou d’espèce («Dear Human Animals»), une déambulation urbaine axée sur le non-humain («Try Walking in my Hooves») et une expo dédiée à sa part vache («Planet Moo»).

Prenant le contrepied des assignations de genre, la chorégraphe ivoirienne Nadia Beugré dirigera quant à elle cinq danseurs nus, vus de dos et montés sur talons dans «L’Homme rare» au Pavillon de l’ADC. À son regard neuf sur la masculinité (contrebalancé par le viril «Cuir» d’Arno Ferrera et Gilles Polet) répondra peut-être celui de Chiara Bersani sur le handicap. La danseuse italienne atteinte de la maladie des os de verre signe en effet avec son solo «Gentle Unicorn» une ode au corps fantastique, à voir au Grütli.

Parmi l’offre locale, on verra à la salle du Lignon près de 50 jeunes danseurs du Ballet Junior s’engouffrer dans une déferlante collective intitulée «Colossus» et composée par l’Australienne Stephanie Lake. Mais aussi le duo que forment Béatrice Graf et Rudi van de Merwe dans «Sugarhex», un préquel à «La Tempête» de Shakespeare dont l’inspiration cyberpunk tranchera avec le cadre désuet de la Scène Caecilia. Pour le reste, vite, à vos souris.
Festival Antigel, section spectacles vivants, du 3 au 25 février, www.antigel.ch
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